Chacun a droit à sa propre opinion. Mais chacun n'a pas droit à ses propres faits. Cette maxime prévaut particulièrement lors d'enjeux aux répercussions émotives fortes, comme c'est le cas avec le conflit actuel entre Israël et le Hamas.

1 - Le Hamas ne veut pas de paix négociée avec Israël

Nous entendons souvent ici qu'il ne peut y avoir qu'une solution négociée pour sortir de l'issue actuelle. Or, selon sa propre charte, le Hamas est un groupe jihadiste dédié à la création d'un émirat théocratique sur les ruines d'Israël et implacablement opposé à toute solution négociée au conflit israélo-arabe. Comment négocier la paix avec une organisation terroriste qui n'en veut pas et nie votre droit d'exister?

2 - Le Hamas s'insère dans les populations civiles

Adepte de la guérilla urbaine le Hamas se sert d'institutions civiles et onusiennes dans sa lutte contre Israël. Les tunnels creusés à partir de résidences et de mosquées sont maintenant bien documentés. La présence du centre de commandement du Hamas sous l'Hôpital al-Shifra aussi. Porte-parole et leaders du Hamas se félicitent publiquement du recours aux boucliers humains, pratique confirmée par le haut responsable de l'ONU, John Ging, le 30 juillet dernier à la CBC, qui a reconnu que le Hamas lance ses attaques à proximité de structures civiles onusiennes. En droit international, l'utilisation de structures civiles à des fins militaires en fait des cibles militaires légitimes.

3 - Ce conflit n'est pas à propos des implantations juives

Le conflit actuel entre le Hamas et Israël n'a rien à voir avec les implantations, celles-ci ayant toutes été démantelées en 2005 lors du retrait d'Israël de Gaza.

4 - Le concept de proportionnalité a une signification légale très précise

Le concept de proportionnalité en droit international ne se mesure pas à l'aune du décompte des morts ou de l'équilibre des forces de frappe. Luis Moreno-Ocampo, alors procureur en chef de la Cour pénale internationale, a défini la proportionnalité en ces termes:

«Selon le droit humanitaire international et le Statut de Rome, les morts civils durant un conflit armé, tous graves et regrettables soient-ils, ne constituent pas un crime de guerre... même s'il est connu que des morts ou des blessés en seront la conséquence. Il y a crime s'il c'est une attaque délibérée contre des civils (principe de distinction) ou si une attaque est commise contre un objectif militaire tout en sachant que les blessures civiles qui en seront la conséquence seront clairement excessives par rapport au gain militaire recherché (principe de proportionnalité).»

En termes très terre-à-terre, le commandant israélien qui voit des missiles tirés sur Israël à partir d'un quartier résidentiel doit faire le choix suivant: dois-je tenter de détruire la rampe de lancement au risque de causer des blessures civiles palestiniennes ou dois-je laisser mes propres civils risquer de se faire blesser ou tuer?

5 - Le conflit Israël-Hamas s'inscrit dans un contexte plus large

Le Hamas est le chainon palestinien d'un vaste mouvement islamiste qui compte l'État islamique (qui contrôle une grande partie de l'Irak et de la Syrie et a expulsé les chrétiens de son territoire), Al-Shabab (actif de la Somalie au Kenya) et Boko Haram (responsable de nombreuses exactions, dont l'enlèvement de 200 de jeunes filles il y a quelques semaines au Nigéria). Bien qu'ayant chacun leurs particularités locales, tous ces groupes sont inspirés par une vision islamiste et révolutionnaire commune visant l'imposition de régimes théocratiques à travers de vastes territoires.

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Le conflit à Gaza avive des réactions très émotives. Il n'en demeure pas moins que toute opinion doit être basée sur des faits vérifiés et vérifiables.