Encore un débat qui s'engage sur la forme plutôt que sur le fond! SLR ou bus ou automobile? Montréal ou ses banlieues ou la métropole?

Sur la forme, on engage le débat en discutant de coûts et de principes pseudo-écolos: peut-on vraiment croire que le projet de SLR ne coûterait qu'un pauvre petit milliard et des poussières alors que le seul remplacement de la moitié des voitures du métro de Montréal en coûte déjà autant? Il faudra concevoir et construire les véhicules, la voie, la signalisation, les gares, les centres d'entretien, procéder à des expropriations et achats de terrains, mettre en place une opération, et tout cela pour deux fois le coût d'une voie réservée sur Pie IX? Et le réaliser pour 2018? Combien cela devra-t-il coûter par passage pour absorber les frais d'exploitation? Moins que le péage proposé pour les automobilistes?

Sur le fond, la discussion devient plus costaude et on ne semble pas prêt de l'engager. On veut que Montréal soit traitée comme une métropole. Dans ce cas, Montréal est davantage que son centre-ville historique: Montréal est la région métropolitaine. Denis Coderre devrait être le maire de l'île de Montréal, de l'île Jésus et des couronnes nord et sud. Cela en ferait le maire de trois ou quatre millions de personnes, une population encore modeste en comparaison des métropoles auxquelles on aime souvent se référer, que ce soit New York, Paris, Londres ou même Toronto.

Le débat est souvent animé par des reporters, chroniqueurs et collaborateurs qui semblent vivre et travailler près du centre-ville. Ils ont la chance de marcher, prendre le métro ou le vélo pour passer de leur domicile au travail. Ils voient toute l'importance du SLR pour amener des résidents de la Rive-Sud à leur bureau du centre-ville et les y ramener après le boulot. N'ont-ils jamais fait l'expérience de sortir de l'île le matin ou d'y rentrer en fin de journée en empruntant les ponts? Ils constateraient que la circulation y est maintenant aussi intense dans les deux directions.

Pourquoi? Parce que l'activité économique de Montréal continue de se déplacer dans les couronnes; les industries manufacturières, de distribution et de logistique, les centres de recherche, les centres commerciaux et tout ce qui nécessite de grandes surfaces ne reviendront jamais sur l'île. Des milliers de travailleurs qui y gagnent leur vie choisissent de demeurer à Montréal et ont besoin de circuler à toute heure du jour et de la nuit, pas seulement aux heures de pointe. Et des milliers d'autres travailleurs qui demeurent dans ces couronnes doivent y circuler.

Pour développer son économie, toute métropole doit se doter d'un réseau routier efficace pour que les biens, autant que les travailleurs, puissent circuler facilement et en tout temps. Comparez Montréal à Toronto ou à toutes les grandes villes nord-américaines et vous verrez la différence. Comment pourrons-nous améliorer notre situation présente si nous accordons la priorité au déplacement de Brossard et Longueuil vers les tours à bureaux du centre-ville plutôt qu'au déplacement de travailleurs, de biens et de marchandises en fonction du développement économique de toute la région métropolitaine?

Comment pourrons-nous faire avancer le débat si nous continuons de tenir un discours qui oppose Montréal et ses banlieues, la circulation automobile (et des camions) et une vision dénaturée de la protection de l'environnement?