Monsieur Cardinal,

Je dois vous avouer que j'ai été surpris, le 8 mai, de me retrouver dans votre bilan de première demi-année du maire de Montréal («Carton jaune à Coderre»).

En effet, l'arbitre objectif que vous êtes, semblez remettre en question mon jugement relativement à la poursuite de mes activités professionnelles et leurs interactions avec l'Administration Coderre.

Je voudrais porter à votre attention que toute personne qui arrive en politique le fait avec son lot de parents, amis et connaissances accumulés au fil de sa vie.

Très souvent, ces personnes sont arrivées dans son existence, alors qu'il n'avait même pas le début de l'idée de faire le grand saut. Pour la plupart, elles conserveront ce lien et de par ce fait même continueront à influer sur le nouvel élu sur une foule de sujets.

Le registre des lobbyistes, avec raison, a voulu et veut toujours que toute influence auprès d'un élu, dans le cadre de ses fonctions, se fasse au grand jour et dans la totale transparence.

Je crois fermement à ce principe et adhère totalement à son application.

Je dois cependant constater que, jeudi dernier, je me retrouve au banc des punitions pour avoir respecté la loi et surtout son esprit.

Je suis depuis plusieurs années, et non pas depuis l'élection du 3 novembre, spécialiste des relations gouvernementales, et je n'ai nullement caché ce fait quand j'ai accepté la coprésidence de la campagne du maire de Montréal.

Je connais M. Coderre depuis plus de 20 ans et il est toujours mon ami.

Si je suis votre raisonnement de ce matin, je devrais cesser de travailler, alors que justement le registre est là pour encadrer et permettre la poursuite de ma profession en toute légitimité et transparence.

Je ne sais pas si vous réalisez que le message que vous lancez, non intentionnellement bien sûr, peut être interprété par certain comme un appel au retour du pouvoir de l'ombre, de l'influence en cachette ou derrière des portes closes. En effet, qui voudra maintenant s'inscrire au registre des lobbyistes au risque de retrouver son nom dans le journal?

Quant à moi, toute la planète, si intérêt il y a, peut suivre les démarches et pressions que je ferai auprès de la Ville, ses élus, ses fonctionnaires.

Ces derniers devront alors, comme il se doit, justifier le bien-fondé de leurs décisions, tout le monde sachant par qui ils ont été rencontrés ou interpellés.

Le métier de lobbyiste est un noble métier s'il est fait en toute transparence et légalité.

Les règles du jeu sont clairement définies et tous doivent s'y soumettre. Cependant, l'arbitre ne doit pas les changer en cours de match, au risque de distribuer injustement les cartons jaunes.