Un éditorialiste a parlé de cynisme et de stupidités pour qualifier la récente campagne menée par le Parti québécois. Ces mots très durs ne sont pas loin de la réalité. Parmi tous les exemples qu'on pourrait ici évoquer, c'est encore le projet de charte et la façon dont il a été promu qui attirent l'attention.

On sait le rôle plutôt sinistre qu'y a joué le tandem Marois-Drainville. Il a été largement commenté et, avec raison, fortement condamné. Il faut aller plus loin. Il y a un grand ménage à faire dans le parti. Tous ceux qui l'ont conduit sur la voie de l'intolérance, de l'hypocrisie et de l'amateurisme doivent s'en aller. Quant à ceux qui ont carrément versé dans la démagogie la plus effrontée soit en multipliant les mensonges à la population, soit en encourageant cette pratique par leur silence complaisant, on se demande s'ils se qualifient encore pour occuper une charge politique ou même une fonction publique.

Au-delà du tort causé au Parti québécois, ces manoeuvres duplessistes ont déçu bien des honnêtes gens. Elles ont discrédité, à leurs yeux, l'ensemble du politique.

Les repentances tardives 

Parmi les responsables de ce gâchis, j'aimerais cibler ceux qui cherchent maintenant à se disculper en plaidant qu'au fond, ils ont toujours désapprouvé le projet de charte. Ils croient ainsi s'innocenter; en fait, ils empirent leur cas. En additionnant les confessions rapportées depuis quelques jours à ce que l'on savait déjà des convictions de divers ministres, on en arrive à identifier un bloc important de dissidents dont pas un seul n'a daigné se manifester.

On est conduit à constater que, s'ils avaient fait su faire preuve de courage en se coalisant, ces ministres auraient eu le poids nécessaire pour obliger le gouvernement à faire marche arrière et négocier un compromis honorable, épargnant au Québec un épisode particulièrement honteux.

Pourquoi ne l'ont-ils pas fait? On ne parle pas ici d'un désaccord sur un contrat d'asphalte ou un tracé d'autoroute. L'enjeu, d'ordre éthique, portait sur une question fondamentale: la protection des droits des minorités. On connaît des figures publiques qui ont cru devoir tirer leur révérence pour moins que cela - pensons aux trois députés péquistes qui ont démissionné en juin 2011 à cause de leur désaccord sur la question de l'amphithéâtre de Québec.

La rigueur morale

Ici, ce n'est pas la compétence qui a fait défaut, mais la rigueur morale. Il se trouvait parmi ces dissidents complaisants et repentants des acteurs qui, à cause de leur formation, de leurs antécédents et de leurs convictions bien connues, avaient initialement inspiré confiance.

Je commettrai l'indélicatesse de pointer du doigt le ministre de la Justice - le gardien officiel du droit et de la rectitude morale - qui, par son inertie, a cautionné l'opération déshonorante des faux avis juridiques sur le projet de charte. Une opération menée au plus haut niveau du gouvernement, où l'imbécillité (appelons les choses par leur nom) le disputait à la malhonnêteté.

Invoquera-t-on la responsabilité ministérielle? Elle a bon dos. Cette règle morale ne trouve-t-elle pas quelque part ses limites? Par exemple, quand elle en vient à cautionner une grande malhonnêteté ainsi qu'une violation même du droit?

Restaurer la confiance

Les dirigeants du PQ ont bien raison d'ériger en priorité la reconstruction de leur parti. Mais ils devraient faire de la restauration de l'abus de confiance une priorité plus élevée encore.

Deux membres du parti, plus que les autres, incarnent l'opprobre qui l'afflige désormais. C'est d'abord Mme Marois; elle a eu la décence de démissionner. C'est ensuite Bernard Drainville; on attend qu'il en fasse autant. Depuis près d'un an, ce dernier a multiplié les déclarations incendiaires et mensongères pour dresser la majorité québécoise contre les minorités et les immigrants. Il a en plus tenu un rôle de premier plan dans l'affaire des faux avis. Tant que ce personnage restera associé au PQ, l'ombre qui l'enveloppe présentement se perpétuera.