« Le projet entier déborde sur le XXIe siècle, qu'il prépare et anticipe ! (...) Mirabel s'imposait pour Montréal, pour le Québec, pour le pays tout entier ! »

La cité fantôme

« Le projet entier déborde sur le XXIe siècle, qu'il prépare et anticipe ! (...) Mirabel s'imposait pour Montréal, pour le Québec, pour le pays tout entier ! »

- Pierre Elliot Trudeau, 4 octobre 1975

Il était voué à devenir le plus grand aéroport du monde. C'était un projet colossal qui remplissait les Québécois de fierté. L'aéroport de Mirabel devait être grandiose, ce qui justifiait les moyens, c'est-à-dire l'expropriation brutale des familles locales. On allait y construire une plaque tournante qui ouvrirait le Québec sur le monde entier. Les Québécois en ont rêvé. Ils y ont cru.

Quarante ans plus tard, Mirabel est une cité fantôme. Un joyau abandonné. Supplanté par un aéroport situé à même l'île de la Métropole et qui n'est toujours par relié au centre-ville par une navette. Quarante ans plus tard, il reste aussi une autoroute inachevée. La malchanceuse autoroute 13. L'expression de l'échec d'un grand projet, mais aussi du manque de fierté d'un peuple.

Jeudi, l'annonce officielle du démantèlement de l'aérogare de Mirabel est tombée sur le Québec. Mes concitoyens et moi paierons pour faire ce dernier pas vers l'arrière dans ce projet qui ne fut... qu'un projet. C'est une annonce douloureuse, car elle se veut le couronnement de l'apathie de mon peuple qui semble avoir complètement cessé de croire. De croire en des projets, mais surtout croire en lui-même. Dans les faits, ce ne sont que des murs remplis d'amiante, mais dans la mémoire collective, il s'agit d'une illustration criante de notre incapacité à chérir un grand projet et à le défendre avec fierté.

Laissons l'aéroport Mirabel debout ! Il est un monument. Le monument de notre honte d'avoir abandonné. Il n'y a pas de prix pour conserver ce bâtiment qui nous aidera à faire honneur à notre devise et à nous souvenir. À nous souvenir qu'au Québec, nous abandonnons. Nous donnons le nom de Pierre-Elliot-Trudeau au petit frère pauvre de Mirabel, en l'honneur de celui qui nous a arraché ce grand projet. Laissons Mirabel debout, faute de nous-mêmes être capable de se lever. De se lever et de revendiquer ce qui nous appartient : le droit de rêver et de croire. Laissons Mirabel debout pour que je puisse me rappeler qu'au Québec, nous avons abandonné. Cet éléphant blanc est le monument de la résignation d'un peuple.

- Jean-Philippe L'Écuyer, gestionnaire, Montréal

Cruel et stupide

J'ai travaillé à l'aéroport de Mirabel lors de son ouverture. On semble oublier que plusieurs propriétaires de terrains, de maisons et de terres cultivables ont été expropriés. On a arraché ces propriétaires à des terres qui leur appartenaient depuis des générations pour en faire un aéroport. C'était déjà difficile à avaler. Mais que maintenant, près de 40 ans plus tard, on prenne la décision de démanteler cet aéroport, c'est cruel et stupide.

En souvenir de ces expropriations à bas prix, faites au moment de la « trudeaumanie », on pousse l'ironie et la cruauté jusqu'à changer le nom de l'aéroport de Dorval en Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau.

- Suzanne Miglierina, Saint-Lambert

Responsabilité et imputabilité

Qui a pris les décisions menant au fiasco de Mirabel ? Ne devrait-on pas savoir qui est responsable de ces décisions aux conséquences désastreuses ?

On parle de poursuivre les gens responsables de la corruption et d'obtenir remboursement pour le contribuable. Pourquoi ne pointons-nous pas du doigt ceux qui nous ont amenés sur cette voie de dépenses inutiles et qui ont mal planifié ? N'est-ce pas ça, un gouvernement responsable ?

Qui sont ces fonctionnaires et ces politiciens - peu importe le parti - responsables de ce dégât ?

Il faut malheureusement nous résigner, car nous ne le saurons jamais !

- Richard Prégent

L'homme parfait

On va donc démolir l'aéroport de Mirabel. Cet aéroport que Pierre Elliott Trudeau nous a rentré dans la gorge dans les années 70 en expropriant des milliers de gens pour rien.

Qui donc dira tout le mal que ce supposé grand premier ministre a fait, du haut de son arrogance et de son étroitesse d'esprit ?

Lui-même, à la fin de sa vie, interviewé par des étudiants de Vancouver, je pense, à la question : Quelle est l'erreur que vous avez fait que vous regrettez le plus ? Il a répondu : « Je n'en ai fait aucune ».

C'est là la mesure de cet homme si imbu de lui-même et déconnecté de la réalité.

- Bernard Marcoux