Il était une fois trois médecins. L'un était médecin de famille et venait de Québec, l'autre de Montréal et spécialiste. Le troisième, lui, a fait ses premières armes en centre universitaire mais affectionnait particulièrement les régions. Ensemble, ils ont cumulé les tâches de chef de département, directeur des services professionnels, ministre de la Santé et président de fédération médicale.

Ensemble, ils détenaient une compréhension globale du réseau de la santé au Québec et la capacité de résoudre ses illogismes.

Ensemble, ils jouissaient d'un grand potentiel...

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Les élections du 7 avril dernier nous ont laissé un tableau politique drastiquement différent. En fin de compte, nous aurons vu un gouvernement péquiste décimé qui rêvait pourtant de meilleurs lendemains lorsqu'il a appelé les électeurs aux urnes dans un climat de division. « Diviser pour mieux régner », disait l'autre. Un constat d'échec est à faire.

De mémoire, je ne me souviens pas d'avoir été témoin d'autant de « doctor-bashing ». On a commencé par alimenter la peur des médecins portant un signe religieux. Nous sommes allés jusqu'à dire qu'on les congédierait. Puis nous avons attribué tous les maux du système de santé aux salaires des médecins. Tout à coup, ils gagnaient trop d'argent. Et on a fait la fausse équation : rattrapage salarial = moins d'efficacité. Parallèlement, peu de solutions cohésives ont été présentées aux problèmes que l'on connaît déjà. La santé n'a pas été au coeur de cette campagne. À ce chapitre, tous les partis sont coupables.

Où se trouve la solution ? Elle passe par la fin de la division. L'heure est venue d'amorcer des dialogues. À cet effet, la communauté médicale doit réaliser que c'est plutôt l'union qui fait la force. Le privilège d'autorégulation nous a été accordé, car la société avait confiance en ses médecins. J'ai bon espoir que c'est toujours le cas. Cette confiance n'est toutefois pas aveugle et nous devons bien nous garder de la prendre pour acquis.

Les Drs Couillard, Bolduc et Barrette auront plusieurs tâches à accomplir. Le fait qu'ils soient issus du milieu médical permet d'espérer qu'ils portent encore et toujours les mêmes valeurs qui nous animent comme médecins. Ils devront privilégier la constance dans la gestion du réseau de la santé. Ils devront continuer à valoriser la médecine familiale. Ils devront accepter le constat que les Plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM) commencent à manquer dans certaines spécialités. Ils devront faciliter l'octroi de ressources pour favoriser l'installation des médecins formés chez nous, au Québec.

Cependant, la responsabilité d'autorégulation ne leur incombe pas. C'est à nous de prendre le leadership. Reste à espérer qu'ils seront à l'écoute.