Depuis les élections de lundi passé, plusieurs commentateurs font le procès de la Charte des valeurs, de Pauline Marois et du Parti québécois. Pendant ce temps, une des plus importantes victimes des résultats de l'élection 2014 passe sous le radar. L'élection 2014, c'est aussi et surtout le clou dans le cercueil des carrés rouges.

Il y a moins de 2 ans, les citations romantiques entourant le mouvement des carrés rouges pleuvaient de partout. Pour certains, c'était le réveil d'une génération, pour d'autres la grande transformation d'une société. Beaucoup de penseurs disaient que ce mouvement dépassait le simple débat entourant les droits de scolarité et qu'il allait amener un grand débat intellectuel sur l'avenir du Québec. Les rues de Montréal étaient remplies matin, midi et soir de jeunes rêveurs qui allaient supposément transformer le monde.

Des demandes individualistes

Force est de constater aujourd'hui que toute cette «crise sociale» n'était qu'un mirage, un mouvement où les membres n'avaient qu'un objectif: payer moins. Aucune manifestation massive n'a été organisée contre la hausse des frais de garderie, le développement du pétrole à Anticosti, l'élimination du crédit d'impôt pour les droits de scolarité ou l'augmentation des tarifs d'électricité. Les carrés rouges ne défendaient que leurs propres intérêts, et lorsque M. Charest a été défait, le grand mouvement qui était censé transformer la société est disparu.

Les résultats de l'élection ont finalement mis le clou dans le cercueil des carrés rouges. Avec la défaite des aspirants députés Martine Desjardins et Léo Bureau-Blouin, le mouvement est mort pour de bon. Certains diront que les Québécois ont rejeté la vision proposée par Mme Marois, mais Mme Desjardins et M. Bureau-Blouin ont appuyé cette vision qui était aussi partagée par une importante partie des associations étudiantes. Les Québécois ont servi une dose d'humilité à d'anciens leaders étudiants qui croyaient pouvoir mettre un gouvernement démocratiquement élu à genoux pour acquiescer à leurs propres demandes individualistes.

Deux ans plus tard, Martine Desjardins et Léo Bureau-Blouin retournent aux études et Gabriel Nadeau-Dubois est disparu de la place publique. La baisse du crédit d'impôt sur les droits de scolarité n'a fait qu'engendrer une hausse des frais presque aussi importante que celle qui était proposée par les libéraux. Nos universités demeurent toujours sous-financées par rapport à leurs compétiteurs étrangers. Bref, nous sommes revenus exactement au point de départ de 2012.

La leçon à retenir, c'est que la révolution n'amène que très rarement une solution durable. Si les associations étudiantes veulent réellement transformer la société, elles devront arrêter de se concentrer sur leurs intérêts égoïstes et embrasser une stratégie de changement incrémental basé sur le compromis. Ne soyons pas naïfs; nous savons tous que l'histoire a une tendance à se répéter.