Depuis le 15 novembre 1976, le Parti québécois a été au pouvoir près de 20 ans avec 6 premiers ministres, tandis que le Parti libéral y a été pendant 18 ans, avec 3 premiers ministres. Nous avons subi deux référendums, dont les dates ont été déterminées unilatéralement par le Parti québécois, en tenant compte du moment jugé le plus opportun pour obtenir un OUI, sans résultat toutefois.

Dans la campagne électorale actuelle, alors que le Parti libéral accuse le PQ de vouloir secrètement tenir un référendum à court terme, Mme Marois s'en défend en affirmant qu'elle n'en tiendra pas tant que les Québécois n'en voudront pas un. Sous-entendu: tant que les sondages ne lui montreront pas qu'ils voteront OUI.

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Mais imaginons que le Parti libéral tienne le même raisonnement et la même stratégie, mais à l'envers: le PLQ, s'il est au pouvoir, peut très bien tenir lui aussi son référendum au moment qui lui paraît opportun s'il constate que les sondages annoncent un NON, comme cela semble être le cas actuellement.

Cette stratégie n'est pas l'apanage du Parti québécois, tout le monde y a droit. C'est une arme à double tranchant. Et si les libéraux au pouvoir organisent un référendum avec une question claire du genre: «Voulez-vous que le Québec devienne un pays indépendant?» et que la réponse est NON, un gouvernement du PQ qui lui succéderait éventuellement pourrait-il alors raisonnablement tenir un nouveau référendum avant quinze autres années (ou selon le contexte politique)?

En somme, si les Québécois ne veulent pas de l'indépendance actuellement, autant consacrer cette décision par un référendum libéral qui fermerait à nouveau le débat pour un bon bout...

À moins que l'Assemblée nationale ne décide d'instaurer un régime de référendums à date fixe, à tous les 15 ans par exemple. Ce régime aurait plusieurs avantages:

- Il permettrait au peuple de parler d'autre chose entre deux référendums. Les libéraux ne brandiraient plus cette menace à chaque élection et les péquistes n'essaieraient plus de s'en défendre avec des «peut-être bien que oui, peut-être bien que non».

- Il permettrait aux électeurs de voter pour un parti sans aucune menace de référendum: ainsi, des gens voteraient pour le PQ ou QS pour leur programme de gestion et non pour leur option indépendantiste.

- Il éviterait qu'un parti au pouvoir ne crée artificiellement les conditions gagnantes à son option (que ce soit le OUI ou le NON) pour décider d'une date opportuniste.

- Il permettrait aux partisans du OUI de préparer un projet détaillé et complet... et les opposants pourraient préparer leurs propres arguments et contre-propositions.

- Il permettrait aux Québécois de faire évoluer éventuellement leur opinion en fonction de l'évolution du contexte économico-politico-culturel canadien (gestion du fédéralisme, déclin du français, situation économique, etc.)

- Il permettrait de tenir compte de l'arrivée de nouvelles générations ayant une vision différente.

En attendant, libre au Parti libéral d'organiser un référendum à court terme s'il juge que les Québécois sont prêts... à dire NON.