Gustavo Dudamel sera de passage à Montréal demain avec l'Orchestre philharmonique de Los Angeles. Cela n'aura pas échappé aux mélomanes, d'autant plus qu'il s'agit de sa toute première venue dans la métropole. À seulement 33 ans, le chef vedette du L.A. Philharmonic s'est déjà attiré beaucoup d'honneurs.

Élu musicien de l'année en 2013 par la revue Musical America, Gustavo Dudamel figurait déjà parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde selon le Time Magazine en 2009. On parle de lui comme d'un véritable phénomène. Charismatique, engagé, capable à lui seul d'attirer les foules... des mots qui reviennent souvent pour le décrire et qui font la fierté de la directrice générale du « LA Phil », Deborah Borda. Comment expliquer cette si grande popularité du maestro ? Est-ce justifié ? Par delà son énergie à diriger, sa joie évidente à faire de la musique avec orchestre ou son talent à communiquer ses idées aux musiciens, quelle marque imprime-t-il sur le monde de la musique classique ?

La voie de l'éducation musicale

Gustavo Dudamel est le pur produit d'une école de musique au Venezuela destinée aux enfants défavorisés, et aujourd'hui le porte-parole d'une cause qui dépasse les frontières de la musique. Cette école à échelle nationale a tout d'un programme de réinsertion sociale à travers l'apprentissage de la musique et regroupe plusieurs orchestres de jeunes, dont l'orchestre Simón Bolívar que dirige Dudamel. Sous l'impulsion de son directeur musical, le LA Phil a importé la méthode et créé son équivalent : le Youth Orchestra of Los Angeles.

Dans une industrie dominée par la musique pop, la conquête de nouveaux publics apparaît pour beaucoup d'orchestres symphoniques comme un enjeu essentiel à la survie de la musique classique. Plusieurs artistes québécois de renom, chanteurs non classiques, comédiens ou auteurs, sont invités sur la scène de la Maison symphonique pour susciter l'intérêt d'auditeurs néophytes. Beethoven, représentant tout désigné du grand répertoire musical, fait régulièrement partie du programme.

Le cas Dudamel nous indique une autre voie à suivre, celle de l'éducation musicale. On peut certes s'attirer les faveurs du plus grand nombre, mais on peut surtout s'assurer un public régulier, fidèle et grand amateur de musique classique. Choisir d'aller entendre l'oeuvre d'un compositeur parce que l'on connaît et que l'on aimerait en connaître davantage. Cela passe par l'éducation, par le fait d'apprendre et de vouloir apprendre. Les conférences pré-concert y contribuent, mais ne suffisent pas.

L'autre élément essentiel à considérer, c'est l'impact que peut avoir un Dudamel ou un Yannick Nézet-Séguin sur l'attrait d'un concert. La personnalité de ces jeunes chefs d'exception permet au LA Phil comme à l'Orchestre Métropolitain de proposer un répertoire original et diversifié, des oeuvres nouvelles, dont plusieurs créations, et de susciter l'adhésion du public. Comme Dudamel, Yannick Nézet-Séguin est l'un des acteurs sur lesquels il faut aussi compter pour assurer la pérennité de la musique classique. Un message ne vient pas sans messager.