«Parce que nos valeurs, on y croit...», c'est le slogan associé au projet de la Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l'État ainsi que d'égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d'accommodement. À l'occasion du 8 mars, je m'attarderai plus spécifiquement sur la valeur d'égalité entre les hommes et les femmes dans le discours gouvernemental des derniers mois.

«Aujourd'hui, nous affirmons les valeurs communes de laïcité, de neutralité religieuse de l'État et d'égalité entre les femmes et les hommes», déclarait la première ministre en présentant le projet de loi 60 en novembre dernier. Ce discours place l'égalité dans le top 3 des valeurs fondamentales du Québec. Ce n'est pas rien, et nous nous réjouissons de vivre dans une société qui accorde cette place au respect des droits des femmes. De fait, la plupart d'entre nous n'arrivent pas à s'imaginer vivre dans un monde où elles seraient ouvertement opprimées en raison de leur genre.

En ce 8 mars 2014, je me réjouirais encore plus si je n'avais pas appris, il y quelques jours, que le même gouvernement qui est prêt à aller en élection pour faire passer un projet de Charte visant, entre autres, l'égalité des femmes, a décidé d'aller en appel d'une décision de la Cour supérieure favorable à l'équité salariale.

Équité inéquitable

La Cour supérieure a statué en janvier dernier qu'une modification apportée à la Loi sur l'équité salariale en 2009 contrevenait à l'esprit de cette loi. Les employeurs n'étaient, en effet, plus tenus de payer rétroactivement les ajustements salariaux devant être versés en raison de changements survenus dans les emplois. C'est ce qu'on appelle le maintien de l'équité salariale.

La loi prévoit que les emplois soient examinés périodiquement pour éviter que toute discrimination salariale fondée sur le sexe ne soit réintroduite. Cet examen doit se faire aux cinq ans. L'APTS et d'autres syndicats avaient contesté le retrait de toute possibilité de rétroactivité et de recours pendant cette période de cinq ans. La Cour supérieure leur a donné raison. Rien ne peut justifier une discrimination salariale entre une femme et un homme occupant un travail équivalent, surtout pas pendant cinq ans!

Les syndicats s'étaient réjouis de cette décision, convaincus qu'un gouvernement péquiste n'allait pas contribuer à atrophier la Loi sur l'équité salariale. Le Parti québécois a toujours montré son attachement à l'égalité entre les hommes et les femmes, s'est-on dit. Il est d'ailleurs à l'origine de la Loi sur l'équité salariale, créée en 1996. De plus, la première ministre Pauline Marois est une féministe convaincue. Nous nous attendions justement à ce qu'elle agisse en accord avec... ses valeurs fondamentales.

Mais là où les projecteurs ne sont pas braqués, les valeurs semblent moins inspirantes. Alors, l'égalité entre les hommes et les femmes: c'est oui? ... ou non? ... Faudrait se faire une idée.