En apprenant la nouvelle, mon corps a tremblé, comme une onde de choc. Alain Magloire a été abattu, sur une rue, un marteau à la main. J'avais 16 ans la première fois que je l'ai connu.

C'était un grand gaillard, très grand devrais-je dire. Une bombe d'énergie, un sourire contagieux, un amour des enfants. Il travaillait au camp Papillon, avec des jeunes qui avaient souvent de lourds handicaps. Il était là, debout, à genoux, à les faire rire, à leur faire oublier leur handicap. Avec lui, ils étaient des enfants.

Alain étudiait aussi, c'était un petit génie dans un corps de clown. Un gars que tu croises dans ta vie et pour qui tu imagines un avenir plein de succès. Et il en a eu. Il a terminé des études, il a déménagé avec son amoureuse de jeunesse et il a eu des enfants. Et puis, un jour, une petite bombe a éclaté dans sa tête. Psychose.

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Après, la suite est moins belle. Un système qui ne sait pas toujours aider ceux qui sont en détresse, des ressources insuffisantes, une problématique qui tombe entre deux chaises, un gars qui se relève, qui tombe, qui se relève et qui finit dans la rue. Et hier, le drame, la fin que l'on ne voulait pas. Comme cela se fait-il qu'en 2014 on utilise une arme pour maîtriser un être humain en détresse?

Maintenant, je me sens impuissante et en colère. Je me pose aussi des questions sur la formation des policiers, sur le manque de ressources pour des gars comme Alain, sur nos choix de société quant à la santé mentale. Et il y aussi les larmes...

Mais il faut réagir, ne pas laisser la nouvelle ne devenir qu'un fait divers. Il y a toujours d'autres chemins à prendre que celui de la gâchette.

Mes condoléances à sa famille et à ses proches.