Avec la commission sur la Charte des valeurs québécoises, je me pose plusieurs questions. Et pour cause, cette charte est déterminante pour l'avenir du Québec.

D'abord, est-ce qu'un État neutre peut institutionnaliser la discrimination dans la reconnaissance du droit au travail sur la base de la religion?

Est-ce que quelqu'un qui travaille et qui accomplit très bien sa tâche, de façon professionnelle, peut perdre son emploi pour la seule et unique raison du port du hidjab, de la kippa ou du turban?

Est-ce que la neutralité de l'État peut être comprise dans le sens de l'équité, dans le sens du respect des droits démocratiques de tous, quelle que soit leur appartenance religieuse? Le droit pur et simple de gagner sa vie, de travailler, de participer à construire le Québec, favorisant soit dit en passant une intégration meilleure dans la société d'accueil. Comme une ouverture réciproque.

Au fond, la seule question pertinente à se poser lorsque l'on engage une personne au sein d'une équipe de travail est de savoir si la personne peut bien accomplir la tâche et ce, de façon intégrale. Signe ostentatoire ou pas. Pour une éducatrice en garderie ou une enseignante, cela voudrait dire: accepter de mettre en oeuvre le programme pédagogique laïque. En ce qui concerne le travail social, je suis persuadée qu'une travailleuse sociale musulmane peut jouer un rôle précieux pour les interventions dans les milieux qui touchent cette communauté.

Par ailleurs, la liberté religieuse devrait être inspirée par la modération. Cela faciliterait le vivre ensemble, pour une société occidentale. Le hidjab, la kippa et le turban sont des signes religieux bien acceptables.

Ceci dit, je m'inquiète de la façon dont M. Drainville mène le débat. Sans nuance. Vous êtes pour la charte ou vous êtes pour le statu quo. C'est noir ou c'est blanc. On déforme le propos des opposants. Il me semble qu'en commission parlementaire, un des outils de la démocratie, il devrait y avoir une place pour la réflexion, pour en arriver à un compromis.

Messieurs Lisée et Drainville ont publicisé le projet de loi 60 chez nos voisins Américains par le biais du New York Times. Mais voilà, nos voisins du sud ne perçoivent pas comme eux l'héritage de Jefferson (voir l'article de Richard Hétu, dans La Presse du 13 janvier 2014). À preuve, le maire de New York manifeste clairement la volonté politique de contrer les crimes xénophobes en faisant plus de place aux employés de la ville qui portent des signes religieux ostentatoires comme le hidjab, le turban, etc.