Vous avez été nombreux à réagir au texte de Stéphane Lévesque, un enseignant au secondaire (Le diplôme d'études secondaires n'est plus, 22 janvier), qui dénonçait la diminution des exigences pour l'obtention d'un DES. En voici un échantillon.

Le coût de l'incompétence

Comment les décideurs peuvent-ils être inconscients à ce point? On se prépare une belle génération de cancres! Le but n'est pas de se faire embaucher sous de fausses représentations, mais de conserver son emploi. Aucun employeur ne gardera à son service un travailleur incompétent, à moins que ce dernier ne soit protégé par un syndicat et que l'employeur ne puisse se débarrasser de ce boulet. Cela oblige l'employeur à fonctionner à perte ou à augmenter le prix de ses produits. Résultat: le produit est fabriqué en Chine ou ailleurs. Je le constate depuis nombre d'années. L'employeur gère une entreprise. S'il ne peut vendre son produit, quel qu'il soit, plus cher que ce qu'il lui coûte, l'employé sera remercié. L'incompétence a un prix social. Notre système lance la serviette. Il s'avoue incapable de former une main-d'oeuvre qualifiée. Quelle aberration! Le plus ironique, est que les emplois disponibles foisonnent, mais les employeurs peinent à trouver des travailleurs qualifiés pour combler ces postes, et ce, dans tous les domaines.

Claude Durette, ébéniste, Nicolet

Où sont passés les passionnés de l'éducation?

Je comprends que les études ne soient pas pour tous, qu'il faut permettre l'accessibilité à l'emploi à ceux qui n'arrivent tout simplement pas à étudier. Chacun a le droit de pouvoir gagner sa vie. Mais de là à abaisser le niveau à ce point pour tous, il y a une marge. Pourquoi paie-t-on les responsables de l'éducation au gouvernement? Où sont passés les passionnés de l'éducation, ceux qui nous transmettaient la flamme de l'apprentissage? Ont-ils été remplacés par des fonctionnaires qui ne travaillent que pour le salaire et pour profiter des journées pédagogiques? Que font-ils à part gribouiller des projets éducatifs en se pétant les bretelles? En attendant, on nivelle par le bas. Au fond, ils sont en train de s'arranger pour privatiser le système. On constate la même chose en santé. Et ceux qui n'ont pas les moyens auront une éducation pourrie, qui les gardera dans le clivage social, qui entretiendra le fossé toujours plus grand entre les classes sociales. Si c'est le Québec qu'on veut, eh bien vive le Canada, alors!

Jeanne Pilon

Les études, c'est secondaire

Comme le diplôme, les études, pour notre gouvernement, c'est secondaire. Deux secteurs devraient primer au Parti québécois. La santé et l'éducation. Mais notre système d'éducation est malade et notre système santé ignorant de son réel état. Bref, où sont nos dirigeants?

Rock Martin, Consultant informatique

La fierté dans l'effort

Je suis maintenant à l'université et je me rappelle qu'au secondaire, le premier objectif tangible qu'il était possible d'atteindre était le DES, et ce, par nos propres moyens. C'était un succès qui nous revenait, car nous avions travaillé pour l'obtenir. Ce n'est pas en démontrant qu'aucun effort n'est nécessaire pour obtenir quelque chose d'aussi important qu'un diplôme que la société se dirigera vers la bonne direction. Le secondaire est aussi un lieu où l'on s'épanouit et qui nous permet de trouver nos valeurs. C'est ce qui nous permet plus tard d'appliquer des apprentissages dans la vraie vie qui nous attend. À cause de cette nouvelle conception du diplôme, j'imagine que l'on va peut-être retrouver certaines personnes sur le marché du travail dans les années à venir qui ne sauront pas ce que le mot effort signifie!

Alexandra Gauthier, étudiante en psychologie, Québec

On a aussi besoin de «manuels»

J'ai 60 ans. Je n'étais pas « bonne » à l'école, particulièrement en français. Je suis retournée aux études pour adultes en 1974. J'ai suivi une formation en horticulture en 1975 et en cuisine en 1986. C'était tellement plus facile et agréable pour moi, car j'étais beaucoup plus mature. Il faut dire que je suis visuelle et manuelle. Notre société a besoin autant de «manuels» que d'intellectuels. J'ai immigré au Canada en 1976 avec 200 $ en poche. Aujourd'hui, nous avons deux enfants et deux petits-enfants. Notre maison est payée et nous n'avons pas de dettes. Je suis riche en vécu et heureuse. Une vie réussie, quoi!

Madeline Jeancolas, surveillante d'élèves, Cowansville