La consultation sur le projet de loi 60 est un exercice démocratique important qui nous permet d'entendre les arguments pour et contre la charte proposée par le Parti québécois. Avant le début de ces consultations, j'étais plutôt contre ce projet de loi. J'ai maintenant changé d'idée.

Dans un commentaire suivant la présentation d'un mémoire, le ministre Bernard Drainville a posé la question suivante: «imaginons qu'une personne se présente pour demander un accommodement raisonnable et que l'employée de l'État qui lui réponde porte le même signe religieux qu'elle. Ne peut-on pas penser qu'il lui sera très difficile de prendre une décision neutre?»

Je ne m'étais jamais posé cette question. Effectivement, peut-être que de pouvoir identifier un même groupe d'appartenance induirait une sympathie qui empêcherait l'employée d'être neutre et impartiale. Dans ce cas, en toute cohérence, je constate que la Charte ne va pas assez loin dans ses recommandations.

En effet, la majorité des demandes d'accommodement raisonnable sont présentées par des personnes handicapées. Si l'employé de l'État présente le même handicap, il ne pourra pas être neutre. Il faudrait donc éviter d'embaucher des employés présentant un handicap visible. Le même raisonnement s'applique très certainement à la Commission des droits de la personne. Par exemple, si une personne noire présente une plainte pour discrimination et que cette plainte est traitée par une personne noire, celle-ci ne pourrait pas être neutre.

Neutralité totale

Je suggère donc que tous les emplois payés ou partiellement subventionnés par l'État soient occupés par des personnes dont on ne pourrait pas, avec un examen visuel sommaire, identifier un handicap visible, l'orientation sexuelle, l'appartenance à une certaine religion ou à un quelconque groupe ethnique. De plus, lorsqu'une personne intelligente se présente devant un employé de l'État tout aussi intelligent pour recevoir un service, le même phénomène de sympathie et de partialité pourrait se reproduire. Il faudrait donc éviter toute manifestation ostentatoire d'intelligence, comme le fait de s'exprimer de façon intelligible et cohérente.

Bien sûr, cette liste pourrait certainement être précisée et mieux définie, mais cela pourra très bien se faire de façon progressive, selon les situations particulières rencontrées ou selon l'évolution de la sensibilité des Québécois et des Québécoises.