Barack Obama avait à peine prêté serment pour son second mandat, il y a un an, que les prétendants à sa succession en 2016 s'activaient déjà en coulisse.

Deux candidats se sont rapidement détachés du lot dans l'opinion publique: l'ex-secrétaire d'État Hillary Clinton, chez les démocrates, et Chris Christie, dans le camp républicain. Toutefois, le scandale du «Bridgegate» pourrait rapidement anéantir les ambitions présidentielles du gouverneur du New Jersey.

Au départ, Chris Christie pouvait compter sur des atouts majeurs. D'abord, sa personnalité franche et directe, son ton décapant et ses politiques basées sur le «gros bon sens» semblaient plaire aux électeurs désabusés par les politiciens à la langue de bois.

Le leadership et les qualités humaines qu'il a montrés au lendemain de l'ouragan Sandy, qui a dévasté le New Jersey à la fin de 2012, lui ont conféré une aura de héros. Les positions centristes de Chris Christie étaient aussi de nature à plaire aux indépendants et aux démocrates plus conservateurs, dont l'appui est essentiel à un retour des républicains à la Maison-Blanche.

Au pouvoir, Christie s'est révélé rassembleur et pragmatique. Il a composé de façon efficace avec un Congrès à majorité démocrate. Il a d'ailleurs été réélu par une majorité écrasante pour un second mandat l'automne dernier. Son élection à la tête de l'Association des gouverneurs des États-Unis l'assurait d'une visibilité nationale. Elle lui procurait une plateforme idéale pour répandre ses idées et tisser un solide réseau d'appuis à l'échelle du pays.

Chris Christie partait donc avec une longueur d'avance dans la course à l'investiture républicaine... jusqu'à ce que le scandale du pont George Washington éclate au grand jour.

D'après des courriels embarrassants, l'entourage du gouverneur s'est vengé du maire de Fort Lee parce qu'il n'avait pas appuyé la candidature de Chris Christie à la dernière élection. Sa chef de cabinet adjointe a demandé et obtenu la fermeture de voies d'accès au pont, un des plus achalandés du continent, sans motif valable. Des embouteillages monstres ont perduré pendant des jours, enrageant les automobilistes et bousillant la rentrée scolaire.

Quel que soit son rôle dans le scandale, Chris Christie ne peut qu'en ressortir avec un oeil au beurre noir. Reste maintenant à savoir si ses aspirations présidentielles seront ainsi mises K.-O.

Advenant qu'on prouve qu'il a autorisé ces représailles dangereuses et irresponsables - ce qu'il a nié avec véhémence -, Chris Christie ne sera plus jugé digne de devenir président des États-Unis. Sa réputation enviable sera irrémédiablement entachée.

Si son bras droit a agi sans son consentement, on pourra tout de même reprocher au gouverneur son manque de jugement dans le choix de sa garde rapprochée. Commettrait-il les mêmes gaffes à la Maison-Blanche?

De nos jours, une campagne présidentielle coûte des centaines de millions de dollars. Les candidats doivent rapidement convaincre des bailleurs de fonds fortunés de les appuyer.

En fin de semaine, Chris Christie participe justement à des activités majeures de financement en Floride, prévues depuis belle lurette. S'il ne parvient pas à dissiper les doutes qui pèsent sur le bien-fondé de sa candidature, le gouverneur pourrait vite devoir mettre une croix sur son rêve de diriger les États-Unis.

Le «Bridgegate» pourrait hanter le gouverneur pendant encore plusieurs mois. Les enquêtes sur le scandale ramèneront inévitablement cette déplorable affaire sous les projecteurs de l'actualité. De quoi faire fuir les puissants donateurs indispensables à sa campagne.

Chris Christie n'aura-t-il été qu'une étoile filante dans le firmament républicain?