Depuis le 13 septembre 2013, je me suis mise en mode réflexion. Après tout ce que j'avais pu vivre dans le mouvement indépendantiste, et maintenant avec cette décision du Parti québécois de faire des élections sur le dos de croyants au détriment du «bon vivre ensemble» au Québec, je me devais de répondre à cette question fondamentale avant même d'envisager poursuivre ma vie politique: suis-je toujours indépendantiste?

Le Parti québécois regroupe le plus grand nombre d'indépendantistes au Québec. Sa volonté politique actuelle d'exclure les croyants non discrets de la fonction publique est révélatrice d'un changement d'attitude politique.

En 1977, pour réaliser le projet de la Charte de la langue française, René Lévesque avait choisi de laisser cette dernière totalement soumise à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Le Parti québécois d'aujourd'hui n'emprunte pas ce chemin. Il se propose plutôt d'amender la Charte des droits et libertés de la personne du Québec pour, apparemment, s'assurer de la rendre conforme à sa politique d'exclusion des croyants non discrets de la fonction publique. Pire, le Parti québécois abandonne la coutume tacite et usuelle pratiquée à l'Assemblée nationale, depuis 1975, de modifier la Charte des droits et libertés de la personne du Québec par consensus. Le Parti québécois fait ainsi la démonstration que la Charte des droits et libertés de la personne est à la merci d'un parti politique qui, tout en ayant obtenu moins de 40% des voix aux élections, disposerait de la majorité des élus à l'Assemblée nationale.

Qui l'eût cru! Le navire amiral de la souveraineté n'a plus rien à voir avec ce que j'ai connu. Il existe encore quelques leaders indépendantistes qui défendent une vision inclusive de l'identité québécoise, mais force est de constater qu'ils sont marginaux.

La facilité avec laquelle la Charte des droits et libertés de la personne du Québec peut être modifiée, voire abolie, m'a convaincue de la pertinence du système fédéral canadien. J'en suis arrivée à la conclusion que mon appartenance au Canada, avec notamment la Charte canadienne des droits et libertés, protège mieux l'identité québécoise de toutes les citoyennes et de tous les citoyens du Québec. Je ne suis plus indépendantiste.

En 2010, à l'occasion de son 20e anniversaire, le Bloc Québécois commandait un sondage à la firme Repère communication. La grande conclusion que l'on fit ressortir a été que la population du Québec et celle du reste du Canada étaient opposées sur chacune des cinq conditions de Meech. Conséquemment, pour le Bloc québécois, il n'y avait vraiment rien à faire avec le fédéralisme canadien et l'unique option pour le Québec demeurait l'indépendance.

Pourtant, le sondage de Repère communication montrait aussi clairement que 73% des Canadiens et 78% des Québécois pensaient toujours qu'il était possible de négocier une entente pour satisfaire le Québec. Personnellement, ce résultat m'avait laissée perplexe. Pourquoi la direction du parti n'a-t-elle pas cherché à savoir quels changements pouvaient satisfaire à la fois les Canadiens et les Québécois? J'ai si souvent entendu que «ce n'est pas le rôle du Bloc québécois d'améliorer la fédération». Une attitude qui, même bien accueillie par la majorité des militants bloquistes, constitue pourtant, selon moi, l'une des profondes raisons de la grande défaite du Bloc québécois en 2011.

Ainsi, vous comprendrez que, pour tout ce temps où je serai députée au Parlement canadien, j'essaierai au mieux de mes capacités de bien représenter mes concitoyennes et concitoyens et de contribuer à la modernisation du Canada.

À travers le Canada, nous souhaitons la sécurité et un avenir prospère pour nos enfants. Je suis convaincue, plus que jamais, que nous pouvons petit à petit rétablir la confiance nécessaire pour moderniser le Canada, et cela, dans l'intérêt de l'ensemble des Canadiens incluant tous les Québécois sans exception.