Il y a 10 jours, la première ministre du Québec, Mme Pauline Marois, a annoncé de nouvelles mesures relatives à la distribution des vins du Québec dans le réseau de la Société des alcools du Québec (SAQ). Accompagnée de M. Alain Brunet, qui sera président de la SAQ à partir de janvier, Mme Marois a donné suite à une revendication maintes fois réitérée. En gros, la SAQ s'engage à mieux présenter les vins du Québec. De plus, le gouvernement rendra financièrement plus avantageux pour les producteurs la vente de leurs vins dans le réseau de la Société.

Cette annonce tant attendue vaut des félicitations. On vient en fait de reconnaitre la contribution des vignerons québécois à l'économie de la province et leur situation désavantageuse par rapport aux producteurs de vins importés. Le mérite de cette ouverture revient aussi à M. Brunet, qui a su écouter les producteurs.

Une étape importante vient d'être franchie, mais il reste beaucoup à faire.

L'Association des vignerons de Brome-Missisquoi, région qui produit entre 60 et 65% des vins du Québec, a animé la coalition le «Québec dans nos verres». Les quatre revendications de l'Association demeurent pertinentes:

1) Même si le programme annoncé est important, nous sommes d'avis que la loi constituant la SAQ devrait ajouter la mise en valeur des vins et alcools du Québec à la mission de la SAQ.

2) les mesures annoncées conviennent aux établissements de plus grande taille; pour un petit vignoble ou une petite cidrerie, y compris ceux qui veulent grossir, la SAQ demeure une machine inabordable. D'où la demande d'autoriser la vente des vins et autres alcools dans le réseau d'épiceries du Québec. Il est aberrant que deux distributeurs aient la presque totalité du marché et, ce, avec du vin importé en vrac venant d'autres pays. Si la vente de vin est permise dans les épiceries, pourquoi ne peut-on pas y vendre des vins produits ici?

3) Imaginez que les succursales de la SAQ soient fermées et vous vous trouvez dans un restaurant «Apportez votre vin». Il vous manque une bouteille. Le dépanneur est votre seul recours. Or, on n'y trouve que des vins importés. Pourquoi ne pas permettre la consignation de vins du Québec dans ces établissements? Cela permettrait de faire goûter et apprécier les vins du Québec à plus de gens.

4) Une dernière demande vise la création d'un permis de distillateur artisan sous forme de coopérative. Ce permis permettrait l'utilisation des rejets viticoles, mais aussi ceux de la pomme et des petits fruits.

Ces revendications visent à changer de vieilles habitudes, à modifier des lois et règlements conçus au Québec pour la mise en valeur exclusive des vins et alcools importés. Aujourd'hui, maintenir ces habitudes constituerait de l'à-plat-ventrisme.

La seule façon de permettre le développement de notre industrie est de lui ouvrir les points de distribution et de rendre accessibles et visibles les produits locaux dans les réseaux existants. Ce sera aux consommateurs de décider et non à l'inertie d'un siècle passé.