J'ai lu et écouté les critiques qui sont faites de la religion. J'aimerais partager la définition du mot culture établie par l'UNESCO: «La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»
Je souhaite que l'enseignement public soit laïc et je désire également des balises en matière d'accommodements raisonnables. Après avoir entendu le Québec se prononcer, les commissaires Bouchard et Taylor ont produit un rapport allant en ce sens et sont arrivés à la conclusion qu'au Québec, la laïcité ouverte serait notre point de conciliation.
Je crois qu'il y a une différence importante entre la culture de l'individu et le contenu de son discours et c'est pour cela que je suis contre le retrait des signes religieux jugés ostentatoires; si ceux-ci briment l'image de neutralité de l'État en matière de religion, l'obésité brime-t-elle l'image de promotion de la santé? L'homosexuel affiché est-il moins neutre à l'égard de d'homophobie? Un individu à la peau noire peut-il émettre une position neutre face au racisme? Ce n'est pas la culture ou les signes distinctifs d'un individu qui définit sa neutralité, mais bien son discours et ses actions.
J'ai été triste de constater qu'aucune des propositions présentées ne traite ni ne définit l'interculturalisme québécois. C'est un déni de la réalité actuelle et future du Québec. N'est-il pas le point central de la conciliation? Je critique également le fait que le gouvernement du Parti québécois n'est pas neutre face à la religion, qu'il souhaite protéger le patrimoine religieux chrétien, mais exclut toutes les autres religions.
J'ai eu peur lorsque j'ai vu la quantité de messages de haine sur la toile, car je crains que certains citoyens ne privilégient la violence facile à la recherche critique et objective. Si le citoyen perd sa capacité de recherche critique, ne devient-il pas vulnérable à toutes formes de manipulation? Sans objectivité, comment peut-on rédiger des lois équitables et trouver des solutions neutres et viables pour l'avenir de ma nation? Je n'ai pas peur de l'extrémisme. J'ai peur que nous ne possédions ou n'utilisions pas suffisamment les outils intellectuels pour nous défendre contre celui-ci dans la paix et la justice. J'ai peur que nous ne trouvions pas le courage de défendre ceux dont les droits sont brimés.
En sommes je me range derrière les recommandations de la Commission Bouchard-Taylor. Un jour, ce seront peut-être vos droits qui seront remis en question. Comment souhaiteriez-vous qu'ils soient traités? Selon les convictions personnelles de chacun, selon la peur de la différence ou en toute impartialité?