Hier avait lieu, comme tous les 1er décembre, la Journée mondiale du sida. Cette journée offre une occasion de réfléchir sur nos actions, nos politiques, et nos visions à l'égard de cette pandémie.

Lors des reportages diffusés à cette occasion, on entend souvent des appels en faveur d'investissements dans la lutte contre le sida. Bien sûr, il faut investir du temps, de l'argent et de l'énergie pour bien répondre à ce défi. Mais un tel appel suppose que nous avons déjà en main les réponses politiques et les meilleures approches en prévention. 

Or, la Journée mondiale du sida devrait nous inciter à poser de nouvelles questions pour stimuler nos actions, nos politiques, et notre travail sur le terrain. Par exemple:

• Que pouvons-nous apprendre de l'histoire de cette épidémie? Comment est-ce que les discriminations et la stigmatisation ont formé notre réponse et ses limites?

• L'accès aux traitements assure une meilleure santé. Mais comment comprendre les défis d'accès qui existent, que ça soit dans les pays du Sud, au sein des communautés autochtones, parmi les détenus, ou bien chez les personnes sans-abri? Même à Montréal en 2013, l'accès est-il si facile que ça?

• Comment orienter la prévention à l'heure actuelle? La prescription de médicaments s'avère-t-elle un moyen efficace, sachant que quelqu'un sous traitement ne risque pas de transmettre le virus? Alors que cette question est surtout discutée au sein des communautés gaies masculines, et alors qu'elle alimente des projets de recherche, comment penser la prévention en tenant compte des réalités des femmes?

• Quelles étaient les conséquences d'une mise en place d'une infrastructure de bureaucratie pour répondre au sida? Est-ce que l'institutionnalisation des organismes a pu limiter notre réponse et notre créativité? Est-ce que le rôle central joué par les organismes à but non lucratif dans les pays du Sud a des effets néfastes sur des populations et des états?

Lorsque nous, personnes infectées et affectées, prenons un moment pour marquer la Journée mondiale du sida, ne nous limitons pas à demander plus d'argent. Prenons du temps pour poser des questions de fond, afin de renouveler notre engagement.