Plusieurs faits étalés au cours des dernières années, si on ne s'en tient qu'à eux, sont annonciateurs d'une catastrophe imminente quant au traitement qui sera réservé à ceux et celles qui arriveront à la retraite prochainement ou dans trente ans.

La population du Québec et du Canada vieillit et les baby-boomers ferment tranquillement les rangs du contingent des retraités. Dans moins de 15 ans, ils seront tous à la retraite. Par ailleurs, bonne nouvelle, l'espérance de vie s'accroît, mais, la moins bonne, la durée de vie au travail, la portion productive et la plus rentable pour les coffres de l'État, diminue. Les travailleurs travaillent donc moins longtemps pour financer une retraite plus longue.

S'ajoutent à ces faits des facteurs aggravants qui, depuis cinq ans, secouent une certaine léthargie qui s'était installée au gré des périodes successives de croissance économique: la crise de 2008 qui a frappé durement les caisses de retraite avec une perte colossale de la valeur des actifs et une longue période de faibles rendements; les déficits de solvabilité des régimes de retraite du Québec et des caisses de retraite des fonctionnaires et de certaines grandes sociétés; et la multiplication des analyses pessimistes des experts financiers. Bref, rien de bien réjouissant!

Mais qu'en est-il exactement de la capacité que nous avons, tout un chacun individuellement et collectivement, de générer suffisamment d'épargne et de rendements des régimes privés et publics afin de nous assurer un revenu suffisant à la retraite? Sans nier les faits précédents, la réalité est moins noire que le tableau que l'on en brosse. Il y a des solutions pour y remédier si on assume nos responsabilités comme individus et comme collectivité.

D'abord un premier constat qui constitue un tremplin pour nous redonner espoir: les systèmes québécois et canadiens de retraites sont parmi les meilleurs et les plus viables au monde selon une analyse produite par le Center for Strategic and International Studies. 

De plus, nos systèmes sont à la fois performants et résilients en ce qu'ils sont conçus pour pouvoir s'adapter aux réalités démographiques et fiscales. Une capitalisation, bien que partielle, des régimes publics universels (RRQ, RPC) permet de faire face au défi démographique mieux que plusieurs autres pays industrialisés.

Enfin, une très grande majorité de Canadiens, dont les Québécois - et toutes les études sérieuses le confirment - disposeront d'un revenu de remplacement suffisant à la retraite pour conserver en bonne partie leur niveau de vie.

Jusqu'à présent au Québec, et bien qu'ils ne touchent que 35% des travailleurs, dont la très grande majorité sont dans le secteur public, les préoccupations ont surtout porté sur la pérennité des régimes à prestations déterminées. Ces régimes souffrent de déficits importants et chroniques, financés à 100% par les contribuables dans le cas des régimes du secteur public, contribuables dont les deux tiers ne bénéficient d'aucun régime collectif.

Cet enjeu est certes important. Il devra se régler au bénéfice des travailleurs et des retraités sous ce régime, mais surtout pour les contribuables qui ne souffriront pas bien longtemps de financer des régimes dont ils ne profitent pas.

Il nous faut cependant recentrer le débat au Québec vers une question fondamentale: la suffisance des revenus de retraite. Car si une majorité se retrouvera en bonne posture lors de la retraite, ce ne sera pas le cas pour le quart de la population du Québec, qui ne pourra remplacer son revenu d'emploi par un revenu de retraite adéquat. Pour ceux-là il faut trouver de vraies solutions.

DEMAIN:

Des solutions incomplètes