Désignée Capitale européenne de la culture en 2013, Marseille, lieu incontournable du dialogue des cultures en Méditerranée, a su renouveler avec succès son image. À l'approche des festivités entourant le 375e anniversaire de Montréal en 2017, l'expérience marseillaise est riche d'enseignement pour nous.

En misant sur des facteurs à la fois historiques, artistiques et géographiques, la plus vieille ville de France a saisi l'occasion pour augmenter son rayonnement, en créant non seulement de nouveaux musées, dont le fameux Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, de l'architecte Rudy Riciotti, mais aussi en rénovant la quasi-totalité de son parc muséal dont le Musée des Beaux-Arts, le Musée d'histoire de Marseille ou le Musée des arts décoratifs et de la mode. 

Se rajoutent la mise sur pied de la Maison des cinématographies de la Méditerranée, la construction de la Tour-Panorama du complexe culturel la Friche Belle de Mai et le nouvel édifice flamboyant du Fonds régional d'art contemporain.

Marseille a donc fait le pari d'améliorer ses infrastructures culturelles et de devenir une importante destination muséologique sur le plan international. Le pari est réussi. Plus de sept millions de personnes ont convergé vers Marseille cette année jusqu'à maintenant. Indéniablement, l'exemple marseillais montre en quoi la promotion de l'art et de la culture peut devenir un levier déterminant dans la croissance d'une cité.

L'accès aux berges et un tramway

Mais quels ont été précisément les ingrédients d'une telle réussite? En premier lieu, Marseille a entrepris dans les années 90, la première phase d'un important programme de rénovation de son littoral, appelé Euroméditerrannée. Initié par son ancien maire, Robert Vogouroux, le projet de 7 milliards d'euros (9,8 milliards$) a permis la réhabilitation de 6000 logements insalubres et vétustes et la construction d'un immense nouveau parc de logements locatifs. 

Euroméditerranée a également favorisé la création d'une ligne de tramways de 26 stations. Toutes ces réalisations ont été favorables à la candidature de Marseille, car elles démontraient son habileté à réaliser de grands chantiers.

L'autre aspect de la réussite réside dans l'essor intellectuel de Marseille et le legs matériel qu'elle laisse pour les générations futures. En prenant comme assise les fondements culturels et civilisationnels de la Méditerranée, Marseille, ville d'accueil et d'échange, a tablé sur ce qui lui était distinctif sur le plan identitaire pour se redéfinir, se mobiliser et organiser un grand événement international. Aujourd'hui, avec une dépense de 155 euros (215$) par habitant, la deuxième ville de France se situe juste derrière Berlin, la référence en Europe dans l'investissement des arts.

Sur quels éléments distinctifs Montréal peut-il tabler à son tour pour se propulser? Déjà, des pistes sont avancées. Montréal est bien sûr une ville de diversité, une ville cosmopolite, une ville portuaire, une ville à l'élan créateur sans précédent. Mais ces attributs ne sont pas uniques à Montréal. D'autres villes canadiennes et américaines ont en commun les mêmes particularités. 

En fait, la grande distinction de Montréal est son caractère francophone. Qu'on le veuille ou non, c'est le statut de métropole de langue française des Amériques qui confère à Montréal sa singularité, son unicité. Cette réalité devra nécessairement être prise en compte dans l'élaboration de l'événement pour lui en assurer un succès.