Imaginez que vous êtes infirmière ou pharmacien et qu'on vous demande de préparer une seringue avec une quantité excessive de barbituriques et de substance paralysante (curare), clairement assez pour provoquer la mort de quelqu'un. Vous avez alors le choix: soit ne rien faire et vous en remettre au jugement de la personne qui a passé la commande, soit vous informer du bien-fondé de cette demande, car vous comprenez les conséquences de votre participation à ce geste. En somme, vous pouvez utiliser votre conscience ou bien non. Imaginez maintenant que vous êtes député québécois et qu'on vote aujourd'hui pour le projet de loi légalisant l'euthanasie, l'«aide médicale à mourir». Si vous n'avez pas le droit de vous exprimer selon votre conscience et devez vous soumettre à la ligne de parti, vous vous retrouvez dans la même situation que l'infirmière et le pharmacien mentionnés plus haut. Un tel abus de pouvoir de la part de votre formation politique détruit toute légitimité éthique de ce projet de loi. Pour cette raison, les partis politiques du Québec doivent permettre à leurs députés de voter librement, c'est-à-dire selon leur conscience.

Le vote doit être libre

Imaginez que vous êtes infirmière ou pharmacien et qu'on vous demande de préparer une seringue avec une quantité excessive de barbituriques et de substance paralysante (curare), clairement assez pour provoquer la mort de quelqu'un. Vous avez alors le choix: soit ne rien faire et vous en remettre au jugement de la personne qui a passé la commande, soit vous informer du bien-fondé de cette demande, car vous comprenez les conséquences de votre participation à ce geste. En somme, vous pouvez utiliser votre conscience ou bien non. Imaginez maintenant que vous êtes député québécois et qu'on vote aujourd'hui pour le projet de loi légalisant l'euthanasie, l'«aide médicale à mourir». Si vous n'avez pas le droit de vous exprimer selon votre conscience et devez vous soumettre à la ligne de parti, vous vous retrouvez dans la même situation que l'infirmière et le pharmacien mentionnés plus haut. Un tel abus de pouvoir de la part de votre formation politique détruit toute légitimité éthique de ce projet de loi. Pour cette raison, les partis politiques du Québec doivent permettre à leurs députés de voter librement, c'est-à-dire selon leur conscience.

Marc Beauchamp, Chirurgien orthopédiste

Et les vivants ?

Je comprends que des personnes, en certaines circonstances, puissent en venir à demander la mort, et je comprends aussi que pour certains aidants cela puisse être de la compassion que d'accorder la mort. Ce que je ne comprends pas, c'est l'aisance avec laquelle un État désire répondre à la demande d'un mourant alors qu'il fait la sourde oreille à des millions de vivants. Quelle position l'État prend-il face aux sans-emplois, démunis, aux pauvres, aux personnes âgées, aux enfants, à ceux qui ont faim? Quelle est sa position face à l'instrumentalisation de la personne? Quelle valeur donne-t-il vraiment à la personne vivante? La compassion ne serait-elle pas plus juste si on commençait par redonner sa valeur à la personne dans notre société? Alors, l'aide à mourir commencerait par l'aide à vivre, et l'humanisme sur lequel se base le projet de loi 52 serait crédible. En attendant, ce projet de loi n'est que le reflet d'un État qui tue déjà ses citoyens alors qu'ils sont vivants, en réduisant leur personne à de simples morceaux d'une machine dans laquelle ils peinent à se reconnaître.

Valerie Julie Brousseau, médecin, St-Christophe d'Arthabaska

Une trop lourde responsabilité

Il est difficile de voir comment le projet de loi 52, donnant droit à l'aide médicale à mourir (AMAM), respectera la liberté de conscience des travailleurs de la santé. En effet, l'existence d'un droit suppose nécessairement celle d'une obligation. On ne s'en sort pas vraiment en spécifiant qu'aucun médecin ne sera pas forcé d'accéder à la demande d'un patient pour l'AMAM puisque, dans un tel cas, la Direction des services professionnels de l'établissement concerné sera chargée de trouver un autre médecin qui acceptera. Or, la Direction des services professionnels n'est pas une entité abstraite, elle est composée de personnes. C'est également une personne qui remplira la prescription du médecin et encore des personnes qui seront chargées d'acheminer vers le patient, et peut-être de lui administrer, une dose fatale. Est-ce moral de demander à tant de personnes de faire taire leur conscience au nom de l'obéissance aux ordres d'un supérieur?

Mario D'Angelo, Montréal