Le 11 août dernier, mon fils, Jean-François Savard, âgé de 19 ans, a été victime d'un violent accident d'auto pour lequel il a dû être hospitalisé aux soins intensifs de l'hôpital Sacré-Coeur de Montréal.

Deux mois plus tard, je suis encore bouleversée par ce que ma famille et moi avons vécu pendant les jours qui ont suivi l'entrée à l'urgence de Jean-François.

Je suis veuve du père de mes enfants et enfant unique de deux parents qui ont été très malades. Les hôpitaux, je les cours depuis plusieurs années. Je ne me sens pas frustrée par le système de santé québécois, car j'ai vu l'efficacité avec laquelle il répond quand c'est sérieux. Pour ma mère et mon père, la qualité des soins et des traitements reçus au fil des années a été remarquable.

Cependant, ce que j'ai vécu à l'unité des soins intensifs de l'hôpital Sacré-Coeur a été au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer.

La minute où Jean-François est arrivé à l'hôpital, avant même qu'il soit transféré aux soins intensifs, j'ai senti l'humanité du personnel. Ces professionnels de la santé savaient-ils déjà que mon fils ne survivrait pas? J'en doute, mais ce que je veux souligner, c'est la façon dont nous, la famille, avons été traités et le respect que le personnel a eu envers mon fils. Car si on est un tantinet allumé sur la réalité d'aujourd'hui, il ne faut pas tenir pour acquis que de se faire traiter humainement est normal.

Dans les 48 premières heures de son hospitalisation, j'ai eu des décisions importantes à prendre. Jean-François ne passerait pas au travers. Je devais choisir de prendre le risque d'une opération qui aurait peut-être sauvé sa vie, mais duquel il serait sorti dans des conditions neurologiques inconnues. J'ai dû prendre la décision du don d'organes et des soins qui lui seraient prodigués jusqu'à son grand départ.

Avec le recul, quand je repense à ces jours d'horreur, je suis encore impressionnée par le grand respect des infirmières et médecins qui m'ont appuyée dans des décisions presque inhumaines pour une mère. À chaque fois où une décision pour la santé de mon enfant devait être prise, il y avait une rencontre qui incluait tous les intervenants dans le dossier de mon fils ainsi que ma famille.

Chacun des spécialistes prenait le temps, calmement, de m'expliquer où nous en étions dans l'avancement de la situation de Jean-François, jamais je n'ai senti de stress ou de pression dans ces multiples rencontres. Quand je prenais la parole, je sentais une écoute sincère de la part de tous les intervenants, et mes décisions ont été respectées à tous les niveaux.

L'attitude des médecins et infirmières pendant le séjour de mon fils aux soins intensifs a permis à ma famille et à moi de préparer tout doucement le grand départ de mon fils. Ma fille et moi avons été avec lui 24 heures sur 24, les grands-parents également, la famille et les amis ont eu la chance de venir lui parler et passer du temps avec lui. Tout ça, sans jamais sentir de pression ou avoir l'impression qu'on dérangeait.

Nous parlons souvent des lacunes de notre système de santé, des mauvais intervenants et des mauvaises histoires. Mais mon histoire, bien qu'absolument dramatique, en est une belle. Quand je repense aux cinq jours tragiques qui ont suivi l'accident de mon fils et au désespoir que nous vivions, je pense également à tous ceux qui nous ont côtoyés et ça met un peu de baume sur mon coeur.

Merci d'avoir respecté notre douleur, d'avoir agi en vrais professionnels, merci pour le grand respect que vous avez porté à mon bébé.