En tant que ministre responsable de la Métropole, j'étais très heureux de ne trouver nulle trace, dans la chronique de Vincent Marissal, des récriminations montréalaises entendues lors de notre arrivée au pouvoir il y a un an. Elles allaient comme suit: Québec ne fait rien pour Montréal, Québec reporte constamment ses annonces, Québec n'écoute pas les priorités locales.

M. Marissal, en effet, nous reproche plutôt d'agir trop et trop vite pour Montréal. Voilà un changement bienvenu, résultat du travail accompli depuis un an pour accélérer la réalisation des projets montréalais. Renaissance de l'îlot Voyageur, lancement du Campus Outremont de l'UdeM et de la Cité de l'innovation avec l'ETS et McGill, Maison Wilder de la danse, Immeuble des ateliers d'artistes dans le Mile-End, déblocage des budgets de l'Espace pour la vie et réinvestissement dans la Place des Arts, désenclavement du Port de Montréal, et j'en passe.

Le chroniqueur nous reproche d'avoir agi trop tôt et sans consulter les élus municipaux dans trois dossiers. D'abord en transport, au sujet de notre annonce de réaliser davantage de voies réservées en trois ans dans la métropole que pendant les 30 années précédentes. C'est pourtant à l'unanimité que les maires de l'agglomération réclament ces voies depuis 2008 et les tracés annoncés sortent des cartons des Sociétés de transport, dont les CA sont majoritairement composés de représentants des villes. Le changement? Notre décision de financer à 100% (plutôt qu'à 75%) ces infrastructures, répondant ainsi à une autre demande métropolitaine unanime: l'augmentation du financement de Québec pour ces projets.

Avons-nous, en livrant une marchandise demandée depuis des lustres par tous les élus, court-circuité les programmes des candidats actuels? Au contraire: nous avons annoncé que toutes les propositions déposées d'ici 14 mois par les nouvelles administrations seront admissibles à ce programme bonifié.

Pour le métro, la chose est encore plus simple. Le prolongement des lignes répond à une demande unanime des maires de la CMM et nous nous sommes assurés qu'aucun des principaux candidats n'y était opposé.

Sur le sujet essentiel de la rétention des familles à Montréal, M. Marissal se demande comment je compte m'y prendre depuis ma «tour d'ivoire à Québec». J'ai confié la production du rapport Montréal=Famille aux Montréalais les plus impliqués dans ces questions, y compris des représentants de la Ville de Montréal qui y ont contribué des idées et en sont signataires. Les mesures intérimaires annoncées par la Ville en juin ont été inspirées du travail du comité, un représentant de la ville participait au dépôt du rapport et j'ai annoncé que le gouvernement agira par la suite en concertation avec la future administration.

Il est certes bon de dénoncer le «manque de coordination chronique» qui existait naguère entre le gouvernement du Québec et la métropole. Je m'astreins depuis un an à instaurer un changement de culture pour assurer un dialogue constant, malgré les changements de personnel politique inopinés à l'hôtel de ville. J'ai la faiblesse de penser que nous avons déjà fait de grands progrès, y compris spécifiquement sur certains des sujets (pas tous) évoqués par le chroniqueur.

Je compte partir du bon pied avec la future administration. J'ai rencontré chacun des candidats les plus sérieux et ai évoqué avec eux la perspective d'organiser, début 2014, un Rendez-vous de la métropole où les nouveaux élus, le gouvernement québécois et les grands acteurs de la vie métropolitaine se donneront une feuille de route commune pour les trois années qui nous conduiront à l'anniversaire de 2017.

Vaudrait mieux attendre

Monsieur le Ministre,

Je ne doute nullement de votre dévouement pour Montréal, particulièrement en matière de transports et de logements, deux sujets cruciaux, mais je crains que votre empressement et vos interventions fréquentes en pleine campagne électorale municipale ajoutent à la confusion ambiante. Je note dans ma chronique, tel est son objet, que la juxtaposition des campagnes (celle, officielle, à la mairie, et celle, officieuse au provincial) se traduit, pour les Montréalais, en une surenchère d'annonces disparates et qu'il vaudrait mieux, en ce sens, les laisser d'abord choisir leur nouvelle administration. Prenez l'intervention de votre gouvernement dans le dossier du centre de compostage Saint-Michel, dont vous ne parlez pas ici. Même la première ministre a admis que le gouvernement aurait dû se garder une petite gêne. Là, nous sommes d'accord. Quant au projet de charte des «valeurs québécoises», rejetée unanimement par la classe politique montréalaise, vous n'en dites pas un mot, même si je vous soupçonne de savoir fort bien que ce sera un point de discorde majeur dans les relations Québec-Montréal.

Vincent Marissal