Le pétrole et le gaz naturel jouent un rôle crucial dans les stratégies énergétiques de tous les pays. On est souvent tenté de croire que la situation est différente au Québec, compte tenu des spécificités de notre portefeuille énergétique axé presque en totalité sur la production hydroélectrique.

Malgré ce patrimoine qui fait la fierté des Québécois, il n'en demeure pas moins que plus de la moitié de l'énergie consommée chez nous provient de sources d'énergies fossiles. C'est chaque année entre 15 et 17 milliards de dollars qui sortent du Québec pour l'achat du pétrole et du gaz naturel que nous consommons, entraînant ainsi un déficit de la balance commerciale de plus de 20 milliards par année.

Le coût exorbitant pour notre économie et la lutte aux changements climatiques sont deux excellentes raisons qui militent en faveur d'une réduction de la dépendance du Québec face aux produits pétroliers. Junex supporte résolument cette idée. Nous mesurons en même temps l'immense défi qui nous attend et nous constatons qu'il est évident que le Québec continuera, pour plusieurs décennies encore, à utiliser de très grandes quantités de gaz naturel et de pétrole.

Partant de cette prémisse et du fait que le sous-sol du Québec comporte un réel potentiel de découverte d'hydrocarbures, nous devons tout mettre en oeuvre pour produire chez nous une partie des ressources que nous consommons. Nous ne voyons pas par quel raisonnement logique nous pourrions arriver à la conclusion qu'il est plus approprié, pour le Québec, de continuer à importer du pétrole de l'Algérie, de la Mer du Nord, de l'Angola ou du Nigéria plutôt que de produire ces ressources chez nous.

D'autant plus que le Québec a la chance de tirer des leçons de l'histoire des autres nations productrices dans le but d'en soutirer le meilleur et de nous assurer que, si nous arrivons un jour à produire des hydrocarbures, nous puissions le faire dans une perspective d'enrichissement collectif sans pour autant renier les valeurs environnementales qui nous sont chères.

À cet égard, il n'y a pas de doute que le modèle norvégien devrait inspirer tous les pays qui veulent développer leurs ressources naturelles. Le modèle économique de la Norvège est le plus risqué pour l'État, mais il est aussi celui qui, en cas de développement commercial, créera le plus de richesse collective tout en garantissant la présence d'entreprises québécoises associées à la naissance de cette nouvelle industrie.

Après une première découverte survenue en 1969, mais avant même la naissance d'une réelle industrie, les Norvégiens, sur la base de 10 grands principes adoptés en 1972, ont créé trois sociétés d'État dans le but d'assurer l'encadrement harmonieux des opérations pétrolières et de garantir une présence norvégienne dans le développement de l'industrie. Ces grands principes font en quelque sorte écho au «Maître chez nous» que nous connaissons bien au Québec.

Quarante ans plus tard, la Norvège est un modèle de social-démocratie, un des États les plus riches au monde per capita et un leader mondial dans le domaine de l'énergie autant que dans le domaine environnemental. Première juridiction à obliger l'industrie pétrolière à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre, le pays a tracé la voie à plusieurs innovations environnementales.

Le succès norvégien offre un modèle de développement qui devrait guider nos stratégies en matière d'énergie, d'innovation, d'environnement et de répartition de la richesse collective.