À l'Assemblée nationale, il y a une partie de l'enceinte «sacrée», située sous la tribune parlementaire, qui est appelée «le poulailler» par les députés. Après sa défaite sous la houlette d'André Boisclair, le Parti québécois a été confiné à cet endroit pendant plusieurs années. Je pourrais vous nommer le nom de celui qui occupait le dernier fauteuil, devenu depuis ministre dans le cabinet Marois.

Depuis quelques jours, le poulailler s'est élargi. Il a quasiment pris toute la place au salon de la race. Des deux bords, la basse-cour s'anime, cocotte, s'invective, se dresse sur ses ergots et se crie des noms. Dès le début de la présente session, ces élus, bien rémunérés par nos taxes, avaient juré sur la tête de leur grand-mère qu'ils seraient des parlementaires polis, civilisés, respectueux du règlement.

Dès l'annonce du projet de charte des valeurs (le gouvernement a eu peur de l'appeler la Charte de la laïcité), les combats acrimonieux, revanchards ont repris. On collabore moins; on s'aime moins; on sort les vieux documents; on s'accuse mutuellement; on ne sait plus quoi faire et la vieille ritournelle roule à fond.

Le gouvernement se dit incapable de respecter les promesses annoncées l'an dernier lors de la campagne électorale parce que l'héritage de l'ancien gouvernement est tout simplement catastrophique. Ce type de discours est bien connu: le parti de Jean Charest avait entonné la même chanson lors de sa prise du pouvoir en 2003.

Quelqu'un, quelque part, garde les vieilles partitions de l'opéra. L'usure du même refrain ne semble pas gêner les parlementaires. La nouvelle chorale, connaissant bien les notes d'attaque, chante en choeur le même refrain. La période de questions et réponses orales est devenue une comédie burlesque.

Jadis, le PQ, dans l'opposition, posait les bonnes questions et le gouvernement libéral ne donnait jamais les bonnes réponses. Maintenant que le PQ est au pouvoir, les libéraux posent les bonnes questions (surtout sur l'économie), mais ils n'obtiennent jamais les bonnes réponses. C'est la cage à hamsters. Ça tourne en rond et ça ne tourne pas rond.

Le pauvre président de l'Assemblée fait tout son possible pour maintenir l'ordre dans le grand poulailler, devenu une foire d'empoigne. Les questions de règlement pleuvent et cela a comme conséquence de ralentir les débats, de brûler du temps et de mettre en colère les deux oppositions. Parfois, les gros mots résonnent, surgissant d'une colère intérieure incontrôlée. Le président se lève et demande à l'intéressé de s'excuser. Les caméras ne nous montrent jamais le fautif et de quelle manière, et avec quels mots, ce dernier s'excuse pour les propos tenus.

Le citoyen n'a plus besoin d'aller au théâtre. Il n'a qu'à se placer devant son ordinateur, le mardi après-midi (14 h 15) et les mercredi et jeudi (10 h 15). La pièce dure environ 45 minutes. Si vous l'avez manquée à cause de votre travail, vous pouvez revoir les trois partis en soirée. prise 2. Heure du show: 18 h 40. Ainsi, vous pourrez constater à quoi servent vos impôts et, s'ils font du chemin; il est fort possible que ce ne soit pas le bon.