Il y a environ 30 millions de personnes souffrant de démence dans le monde. C'est une personne sur huit après 65 ans et plus de 40% après 85 ans qui seraient atteintes de la terrible maladie. Certains estiment qu'on diagnostique un nouveau cas toutes les sept secondes, et que plus de 115 millions d'individus souffriront d'une forme de démence en 2050.

Même si la majorité des personnes de 60 ans et plus sont épargnées par la démence, un déclin cognitif normal (sans pathologie neurologique) peut diminuer la qualité de vie et le bien-être et favoriser la sédentarité, un facteur connu pour accentuer le déclin. L'impact économique est impressionnant. Au Québec, même si les aînés ne représentent que 14% de la population, ils consomment 40% des soins de santé.

Il n'existe à ce jour aucun traitement pour enrayer la maladie d'Alzheimer et l'épidémie de démence. Par contre, les recherches sont sans équivoque. Le vieillissement du cerveau et son potentiel adaptatif encore sous-estimé dépendent du style de vie et des comportements promoteurs de santé. Des habitudes alimentaires saines, des interactions sociales continues et des activités cognitives stimulantes peuvent retarder le déclin cognitif associé au vieillissement normal et pathologique.

Et tout en haut de la liste, l'activité physique régulière, ou plus encore, l'exercice physique vigoureux qui améliore la santé cardiovasculaire, diminuerait de plus de 30% les risques de démence.

Même les aînés sédentaires, n'ayant aucune histoire héroïque de grand athlète à partager entre amis, aucun record olympien à mettre sur table pour épater la galerie, peuvent espérer bénéficier d'une mise en forme physique, après seulement trois mois d'exercice.

Le problème, c'est que derrière cette apparente bonne nouvelle se cache un fait alarmant: à peine plus d'une personne sur 10 rencontre les recommandations d'exercice musculaire et aérobie nécessaire pour maintenir une bonne forme physique, selon le Collège américain de médecine du sport. Après 75 ans, la proportion des gens suffisamment actifs glisse sous les 7%.

À ce jour, au Canada, aucune politique de santé publique ne favorise l'exercice chez la personne âgée. Alors que les parents peuvent demander des crédits d'impôt pour l'inscription des enfants à un programme sportif, aucun incitatif de la sorte n'est prévu pour la personne d'âge mûr qui pourtant, tout autant que les enfants sinon plus, goûterait les bénéfices de l'exercice en quelques mois à peine.

Pourquoi pas un crédit d'impôt supplémentaire pour les personnes âgées actives, ou une prime additionnelle au supplément de revenu garanti pour un vieillard sportif! Ou mieux, une réduction des primes d'assurances santé ou d'une éventuelle assurance invalidité. Au final tout le monde y gagnera, une meilleure santé pour l'individu et des dépenses en moins pour l'État providence.

Que ce soit parce qu'il préserve le cerveau des effets délétères du vieillissement, ou simplement parce qu'il motive ou donne confiance en soi, l'exercice physique porte ses fruits. Mais une médecine préventive, par ses vertus protectrices plus que thérapeutiques. N'attendons pas le déclin avéré pour bouger et combattre, car la maladie, comme un invité mal poli, est toujours plus difficile à expulser qu'à laisser sur le perron. À quand les incitatifs aux comportements promoteurs - et prometteurs - de santé, comme l'exercice et la bonne bouffe. Trop souvent l'alternative est trop facile d'accès, la télé et la malbouffe coûtent moins cher! Et aucun incitatif ne nous remet sur le droit chemin.