L'augmentation de la valeur foncière des propriétés est-elle un véritable problème à Montréal? Peut-être! Mais c'est un beau problème.

La mère d'une amie habite en banlieue de Detroit aux États-Unis. Depuis 2008, cette personne très âgée a vu la valeur marchande de sa propriété fondre de près de 50% au moment où elle désirait vendre sa maison pour aller vivre dans une résidence pour personnes âgées. Le principal élément de son patrimoine ayant chuté, elle a dû se contenter d'une résidence de moindre qualité. Elle, elle a un véritable problème.

J'habite le Plateau-Mont-Royal depuis 2001 et la valeur marchande de mon condo a pratiquement triplé depuis mon arrivée et j'en suis bien content. De plus, cette augmentation de la valeur marchande n'est pas imposable! Bien sûr, mon compte de taxes a augmenté depuis ce temps-là, mais il n'a pas triplé.

Le problème, ce n'est pas l'augmentation de la valeur foncière, mais l'augmentation du compte de taxes. Depuis trois ans, avec le rôle d'évaluation actuel, mon compte de taxes a augmenté sans constater une amélioration de services. Cette augmentation a servi, entre autres, à réduire le déficit actuariel des fonds de pension des fonctionnaires municipaux qui ne paient même pas la moitié des contributions. Ça, c'est un problème.

En tenant pour acquis que ce nouveau rôle d'évaluation entraînera une augmentation de mon compte de taxes de 10% (ce qui serait énorme), mon paiement additionnel serait de 270$. Ça ne m'enchante pas, car j'ai l'impression de ne pas en avoir pour mon argent. Cependant, je peux l'absorber. Je peux choisir d'aller moins souvent au restaurant, par exemple. Le jour où mon compte de taxes m'empêchera de vivre dans mon condo, je n'hésiterai pas à le vendre et à empocher le magot. J'irai vivre ailleurs ou je deviendrai locataire si je veux continuer à vivre sur le Plateau. 

Il y a bien d'autres endroits dans la grande région métropolitaine où il fait bon vivre. Je dis à mes concitoyens du Plateau de ne pas jouer la carte misérabiliste comme les riverains du bord du fleuve dans le Bas-Saint-Laurent qui ont reçu des offres très alléchantes pour leur propriété venant de boomers retraités de grandes villes. Vous avez un problème, mais un beau problème.