Je suis indépendantiste depuis 1970. J'ai toujours cru que pour la survie de la francophonie en Amérique, le Québec se devait d'accéder à l'indépendance politique. J'ai rêvé d'un pays moderne, social-démocrate, ouvert sur le monde et accueillant.

Comme tous les pays avancés, on doit compter sur l'immigration pour progresser. Pendant plus de 100 ans, on a laissé la majorité des immigrants s'assimiler à la communauté anglophone parce qu'ils ne pratiquaient pas notre religion et qu'on leur refusait de fréquenter nos écoles. Heureusement, on a changé nos politiques et, de plus en plus, on voit des gens issus de ces nouvelles vagues d'immigration s'intégrer et changer le visage du Québec. Et, franchement, je le trouve très beau, ce nouveau Québec... ou, devrais-je dire, ce nouveau Montréal.

À Montréal, le projet de charte des valeurs est très mal accueilli, autant par les francophones, les anglophones que les communautés culturelles. Et pour cause, le dynamisme et la créativité de Montréal sont grandement dus à cette capacité de vivre ensemble.

Les partisans de la charte ont, pour la plupart, des raisons étrangères à la charte pour l'approuver. Dans les vox populi, ce qui ressort, c'est «qu'il faut mettre nos culottes, leur monter qui mène icitte», «quand on va dans leur pays, on fait comme eux autres, qu'ils fassent la même chose chez nous» (ceux-là n'ont pas beaucoup voyagé pour dire ça!), ou le classique «qu'ils retournent dans leur pays, s'ils ne sont pas contents» (ceux qui sont nés ici, ils retournent où?).

Tous ces arguments n'ont rien à voir avec les objectifs de la charte qui sont d'assurer la neutralité et la laïcité de l'État, mais bien avec des sentiments empreints de xénophobie et de racisme. Quel gâchis, Mme Marois!

Il n'y a pas que les femmes musulmanes qui portent des signes ostentatoires, des hommes musulmans, juifs orthodoxes ou sikhs portent la barbe par conviction religieuse. Ça me rappelle une bonne blague des Cyniques, dans les années 60. André Dubois, imitant Camil Samson qu'on imaginait recteur d'université, dit: «Les étudiants pourront porter la barbe... mais seulement en dehors des heures de cours!» Je ne croyais jamais qu'on arriverait un jour si près de vivre une situation aussi loufoque. Mais moi, ça ne me fait pas rire. J'ai plutôt le goût de pleurer.

Le Parti québécois et le Bloc québécois viennent de perdre mon appui, surtout après le renvoi abusif de Maria Mourani. Je refuse de m'associer à un groupe qui encourage la division dans le seul but de gagner des votes. René Lévesque n'aurait jamais accepté ça.