Disons tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Mes propos sont entièrement partisans et totalement non nuancés, avec un soupçon de féminisme et d'identité contrariés.

Nous avons compris. Tous les articles des journalistes, analystes et élites universitaires récusent à divers degrés l'idée de la charte de laïcité/identité/valeurs québécoises. Je comprends la difficulté judiciaire et d'application de la charte. Je comprends aussi l'opportunisme électoral hypertrophié dont souffre le Parti québécois. La CAQ qui saute dans le train en marche, faute de meilleure idée, je comprends et je critique ça comme tout le monde, bien sûr. 

Mais au-delà de la charte, de notre peur d'être qualifié de rétrograde, de xénophobe, de chauvin, de quoi s'agit-il? Il s'agit de répondre à deux questions. Une culture est-elle meilleure que l'autre et au-delà de cette gradation quantitative, notre culture est-elle meilleure parce qu'elle est la nôtre et que nous sommes chez nous? La réponse à ces deux questions est oui. 

D'abord la première question. Moi qui suis une femme, une féministe de surcroît, je vous le dis sans détour, ma culture est bien supérieure à beaucoup d'autres. Demandez à n'importe quelle femme de votre entourage si elle irait vivre dans un pays musulman. Ou même en Inde. 

L'exemple est simpliste, mais parfois, ça prend un raisonnement simpliste pour une vision claire. Parlons excision, mariage forcé, foeticide féminin, répudiation et rejet, dote, acide. Être une femme équivaut à être dominée et bridée dans une grande partie du monde. Ma culture me permet d'échapper à ça. Je dois me battre pour la préserver et aussi pour l'imposer (n'ayons pas peur des mots) à ceux qui choisissent de vivre chez moi.

Les costumes traditionnels, tout comme les autres symboles religieux, ne représentent en réalité qu'une seule chose. L'expression publique et assumée d'un individu de ne pas appartenir à ma culture, de ne pas partager ses valeurs et surtout de ne pas avoir envie d'en suivre les règles et ce, souvent inconsciemment. On affiche de différence que si on veut cette différence reconnue, vindicative. La spiritualité n'a pas besoin de chiffons. Les chiffons sont là pour la galerie, pour que tous sachent à quoi s'en tenir. Et la femme en fait les frais.

À tous ceux et celles qui rétorquent que le voile peut être un choix libre de certaines femmes, sans discuter de contrôle psychologique et autre pression coercitive, je rappellerais que le voile doit être porté par modestie. Définition de modestie: retenue dans la manière de parler de soi, absence d'orgueil, de prétention, simplicité. 

Ces valeurs dans un peuple sont louables. Ces valeurs appliquées à la moitié d'un peuple donnent un pouvoir immense à ceux qui n'y sont pas assujettis; le modeste ne peut, par définition, se battre ou s'insurger. Et au Québec, la femme ne doit pas être définie ni restreinte par la modestie. 

Tolérer le voile dans la sphère publique équivaut à cautionner ce contrôle insidieux. Point.