Lorsqu'un élu quitte la politique, les lois prévoient de le récompenser lors de son départ. Le citoyen ordinaire, lorsqu'il quitte un emploi ou le perd, n'est jamais indemnisé. Ceux qui font les lois se protègent avant de partir; ceux qui doivent obéir aux lois ne sont aucunement protégés lorsqu'ils abandonnent leur emploi, lorsqu'ils le perdent ou lorsqu'ils sont congédiés.

Le dernier cas en lice est celui du député libéral de Viau, Emmanuel Dubourg. Il quitte la politique provinciale en désirant oeuvrer sur la scène fédérale. Le ministre Drainville s'en scandalise. Il n'a qu'à regarder dans sa propre cour pour voir que sa formation politique applique exactement les mêmes règles que le député partant de la région de Montréal.

Lorsque Pauline Marois a quitté la politique en 2006, trouvant que le goût n'y était plus, elle a touché une prime de 128 000$. Claude Blanchet, PDG de la Société générale de financement et mari de Pauline Marois, a reçu une indemnité de départ de près de 300 000$ plus une rente de retraite annuelle à vie de 80 000$. Lisez bien: à vie.

Le député péquiste Rosaire Bertrand a touché une somme importante pour céder sa place à Pauline Marois afin qu'elle se fasse élire dans la circonscription de Charlevoix. Son geste a permis à l'actuelle première ministre de se faire élire dans une élection partielle le 24 septembre 2007. Qui a payé pour ce tour de passe-passe? Les contribuables.

Quand André Boisclair, chef du PQ, a quitté de son propre chef la tête de son parti, il a obtenu du gouvernement actuel le poste de délégué du Québec à New York avec un salaire de base de 170 000$ par année et tous les avantages accolés à un tel poste, plus une substantielle indemnité de départ.

La meilleure? Nicole Léger. Elle annonce son retrait de la politique le 7 mars 2006 et retourne travailler aux ressources humaines et communications de Léger marketing. Indemnité de départ, il va sans dire. L'année suivante, le 9 décembre 2007, elle est désignée candidate officielle en vue d'une élection partielle dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles. Elle remporte la victoire le 18 mai 2008. Elle est maintenant ministre de la Famille.

François Legault, chef de la Coalition avenir Québec, a reçu une indemnité de départ de 128 000$ en quittant le PQ en 2009. Depuis, il est devenu le chef de la deuxième opposition à l'Assemblée nationale.

Les libéraux ne font que continuer ce que la majorité des députés font pour s'assurer une vie décente après leur petit tour de scène en politique.

Le ministre Drainville a raison: il faut couper ces allocations faramineuses et, surtout, limiter le mandat de député à deux termes. Cela devrait être voté rapidement et s'appliquer au prochain scrutin.