Pour la deuxième fois en moins d'un an, les Laurentides viennent de vivre une panne majeure d'électricité. Peu avant Noël dernier, le mauvais temps a provoqué la chute ou le bris de nombreux arbres, entraînant automatiquement l'arrêt de la distribution électrique. Récemment, Dame Nature a réécrit le même scénario, mais encore plus dommageable.

Si les réparations en hiver ont été effectuées relativement rapidement, compte tenu de la neige et des difficultés d'accès, celles des derniers jours ont été beaucoup plus longues, alors que les conditions ne pouvaient être plus optimales du côté de la température.

Ces deux pannes majeures ont coûté très cher à Hydro-Québec, mais aussi à tous les utilisateurs de cette source moderne d'énergie, tant à monsieur et madame Tout-le-monde qu'aux commerçants et entreprises. Chaque fois, nous pouvons penser facilement en termes de plusieurs millions. Nous avons tendance à croire que ce sont des fatalités avec lesquelles nous n'avons pas le choix de vivre.

Quand, en 1878, le monde découvre l'éclairage électrique à l'Exposition universelle de Paris, et quand, au début des années 1880, la société américaine Royal Electric Company jette les bases de son empire à Montréal, une décision est prise d'installer ces fils électriques au haut de poteaux pour que les gens y aient difficilement accès, question de sécurité évidemment.

Environ 130 ans plus tard, c'est toujours ce même système qui est en vigueur et il ne semble pas y avoir au Québec de projet du gouvernement ou de notre société d'État responsable du réseau électrique pour que ce système change à court, moyen ou long terme.

À moins de l'arrivée d'un visionnaire à la tête du gouvernement ou d'Hydro-Québec (on peut toujours rêver!), mes arrières-arrières-arrières-petits-enfants vivront avec ce même système de fils électriques accrochés au haut de poteaux et soumis aux sautes d'humeur de Dame Nature.

Pourtant, nous savons que des pays comme la France ou, plus près de nous, des municipalités comme Ville de Lorraine, ont enfoui leurs fils électriques sous terre. Penser que ce devrait être le cas partout à l'échelle du Québec, cela n'a rien de vraiment révolutionnaire.

En plus d'être grandement inesthétiques et sources d'une pollution visuelle inacceptable, ces fils haut perchés sont et seront toujours le talon d'Achille de notre réseau de distribution, dont nous sommes si fiers. Qu'attendons-nous pour nous sortir de cette préhistoire de l'électricité? Qu'attendons-nous pour mettre de l'avant un plan échelonné sur 10, 20 ou 30 ans, s'il le faut, afin que nos descendants ne vivent plus avec ce système archaïque? Qui en assumera enfin le leadership? Est-ce qu'il y a un lobby des poteaux qui bloque une telle vision d'avenir?