Il y a des jours où je n'en peux plus de constater les énormes trous de mémoire qui affectent un trop grand nombre d'élus.

Ici à Québec où je demeure, j'ai droit à Régis Labeaume. Je l'aime bien, Régis. Il est arrivé au bon moment pour prendre les décisions qu'il fallait afin de sauver les fêtes du 400e de Québec en 2008. Autrement, on se tapait un échec digne de Québec 1984. Réélu en 2009, Régis est devenu «Monsieur Amphithéâtre» au point où le soutien à ce projet par le PQ a déstabilisé Pauline Marois, qui a perdu quelques députés et qui est passé à deux doigts de voir son leadership anéanti.

Régis pèse lourd. Tellement qu'après cette victoire coûteuse, il a cru bon enfourcher LE cheval de bataille que personne, ou à peu près, n'avait vu galoper à l'horizon: les déficits des caisses de retraite.

Ces déficits sont bien réels, M. Labeaume a raison. Mais ce n'est pas tout de dire qu'ils existent, ces déficits. Il faut avoir aussi l'honnêteté de dire d'où ils viennent.

Les municipalités, dans les années 70, 80, 90 et même les années 2000, ont souvent omis de verser leurs contributions aux caisses de retraite. Les municipalités qui agissaient de la sorte, avec la bénédiction du gouvernement, comptabilisaient leurs contributions, mais ne versaient pas l'argent. Les employés syndiqués, eux, n'avaient pas le choix. Leurs contributions étaient prélevées à la source, à même le chèque de paye.

Aujourd'hui, tous les Régis Labeaume et Jean Tremblay de ce monde décrient ce problème des déficits des caisses de retraite, un fardeau devenu milliardaire avec le temps. Avant de trouver des solutions - parce qu'il va falloir en trouver -, on a d'abord mis la table. On a donc joué les employés syndiqués, «gras dur» avec leur régime de retraite chromé, contre le bon petit peuple, qui n'a pas droit à de tels avantages sociaux et qui devra éventuellement, via le compte de taxes, combler ces déficits des caisses de retraite.

M. Labeaume en a cassé du sucre sur ses employés syndiqués relativement à ce problème bien réel des caisses de retraite. Si notre maire et tous les autres maires n'étaient pas en poste au moment où l'on a «omis» de payer ce qu'on aurait dû payer, il n'en demeure pas moins qu'ils doivent assumer cette responsabilité historique qui aurait dû être assumée par leurs prédécesseurs.

Rappelons que tout ça s'est fait avec la bénédiction du gouvernement québécois, qui s'est permis le même genre d'écart de conduite en comptabilisant sa contribution aux caisses de retraite sans verser les fonds nécessaires pendant de nombreuses années.

Alors, au lieu de s'en prendre aux conditions d'emploi des employés, les gouvernements devraient plutôt s'asseoir humblement à la table de négociation pour trouver une solution.