La première ministre Pauline Marois a accueilli favorablement le rapport sur la philanthropie culturelle que vient de déposer le groupe de travail formé il y a quelques mois. Je me réjouis de constater que le gouvernement semble disposé à prendre des mesures visant à favoriser la philanthropie au Québec. Le gouvernement doit toutefois aller au-delà des recommandations du rapport.

Les Québécois donnent beaucoup moins que les autres Canadiens. De plus, le secteur des arts et de la culture ne reçoit qu'une mince fraction des dons consentis par les Québécois. Il est à souhaiter que le rapport du groupe de travail aidera les gens à réaliser que les arts ne constituent pas un luxe et qu'il est aussi important de soutenir la culture que les autres oeuvres caritatives.

En effet, que serions-nous sans la musique, le cinéma, les livres, le théâtre, la danse? Les oeuvres artistiques ne sont généralement pas rentables commercialement. Un monde sans les arts serait proprement invivable.

Les mesures proposées par le groupe de travail représentent un pas dans la bonne direction, mais le gouvernement serait bien avisé d'en faire davantage.

Le groupe de travail propose au gouvernement du Québec d'accorder un crédit d'impôt additionnel aux contribuables qui consentiront un premier don à la culture d'une valeur minimale de 5000$. Cette mesure s'inspire de la décision récente du gouvernement fédéral de créer un super crédit d'impôt temporaire pour un premier don de bienfaisance.

Mais pourquoi imposer un seuil minimal de 5000$? Une nouvelle génération de jeunes professionnels dans la vingtaine et la trentaine se montre de nos jours intéressée à soutenir les arts, comme en témoigne l'émergence de nombreux groupes comme le Cercle des jeunes philanthropes du Musée des beaux-arts, le Club des jeunes ambassadeurs de l'OSM ou encore ArtsScène Montréal. Le gouvernement devrait encourager la relève philanthropique et consentir un allégement fiscal additionnel, sans discrimination, à tous les nouveaux donateurs, quel que soit le montant du don.

C'est en donnant un premier montant parfois modeste que les gens y prennent goût et développent l'habitude de donner davantage et régulièrement. D'ailleurs, cette mesure ne pourrait-elle pas être étendue, comme c'est le cas au fédéral, à tous les secteurs philanthropiques? Il est peu probable qu'une telle universalité viendrait nuire au milieu culturel, les gains dans d'autres secteurs ne se feraient pas au détriment de la culture. C'est la philanthropie dans son ensemble qui y gagnerait.

Le groupe de travail propose aussi de créer un organisme sans but lucratif qui aurait comme mandat de fournir aux organisations culturelles le savoir-faire qui leur fait présentement défaut en matière de recherche de financement. Cette recommandation est fort intéressante. Ici aussi, le gouvernement pourrait aller plus loin, notamment en encourageant l'enseignement de la gestion philanthropique dans l'ensemble du réseau de l'éducation du Québec. À l'instar du certificat en gestion philanthropique qu'offre déjà l'Université de Montréal, d'autres programmes semblables pourraient voir le jour dans l'ensemble du réseau d'enseignement, collégial et universitaire, afin de favoriser le développement des compétences en gestion et en collecte de fonds de l'ensemble des dirigeants d'organismes de bienfaisance.

J'espère que les réformes suggérées par le groupe de travail sur la philanthropie culturelle sauront inspirer le gouvernement du Québec à prendre des mesures énergiques pour promouvoir une gestion philanthropique compétente, à encourager les citoyens à investir dans les oeuvres de bienfaisance qui leur tiennent à coeur et, du coup, à favoriser l'émergence d'une véritable culture philanthropique au Québec.