Le CRTC nous annonce pour décembre un nouveau code de conduite pour les fournisseurs de services cellulaires, et nous assure que nous y gagnerons au change. Est-ce bien le cas? Durant toute la consultation, l'emphase a été mise sur la réduction des contrats de trois à deux ans. Difficile de comprendre pourquoi on voudrait voir augmenter nos factures de 50% en réduisant le temps requis pour payer l'appareil. On y gagne vraiment?

Le deuxième élément principal, l'obligation pour les fournisseurs de déverrouiller les appareils après 90 jours, mais en pouvant facturer le prix de leur choix pour cette opération, sans limites. Quelle victoire! En Europe, cette opération doit être faite sans frais. Dans plusieurs pays, le verrouillage est tout simplement illégal (en Australie ou à Hong Kong par exemple). Les fournisseurs ne vendent que des appareils déverrouillés et ne s'en portent pas plus mal.

Toute l'industrie nord-américaine vise à conserver les appareils verrouillés le plus possible. Pourquoi? La raison la plus citée est pour les voyageurs internationaux. En effet, si on dispose d'un appareil débloqué, on peut l'utiliser avec une carte SIM locale à peu près n'importe où dans le monde, à très peu de frais. Mais ceci ne touche que le 1% des utilisateurs qui subissent des frais d'itinérance importants. 

La vraie raison, c'est que nos fournisseurs sont d'abord et avant tout des vendeurs de téléphones. Le service lui-même n'est pas si important, car il ne coûte presque rien (moins de 1 cent le mégaoctet). Dans les pays où l'on a laissé se construire un inventaire important de cellulaires débloqués, on a vu germer des fournisseurs de services qui ne vendent pas d'appareils, mais ne fournissent que le service. Les usagers utilisent l'appareil dont ils disposent déjà. Un cellulaire GSM peut facilement durer 10 ans, mais nos fournisseurs aiment bien qu'on les jette et les remplace après trois ans (bientôt deux!). Quel gaspillage!

Ainsi, en France, la compagnie FreeMobile offre un forfait comprenant deux heures d'appels à destination de plus de 40 pays, dont le Canada, plus les SMS locaux illimités, pour deux euros par mois. On peut y ajouter un service de données à 5 cents le mégaoctet (5 euros par mois pour la grande majorité des usagers). 

Ici, on nous «offre» des forfaits faramineux à 3 ou 5 gigaoctets par mois, ce dont un très faible pourcentage d'usagers a besoin. C'est le système des restaurants américains: une portion gigantesque justifie un prix en conséquence, que vous ayez faim ou non.

Si le CRTC avait vraiment voulu favoriser la concurrence, via l'émergence d'offres comme celle de FreeMobile en France, il aurait plutôt proposé que le verrouillage des appareils soit illégal. Dans cinq ans, nous aurions des forfaits raisonnables ici aussi. Avec ce qui vient d'être adopté, nous aurons plutôt des forfaits 50% plus dispendieux que maintenant!