À 73 ans, je suis une femme âgée, mais pas encore une vieille femme. Tout comme les Charles Aznavour, Nana Mouskouri, Jeannette Bertrand, le père Lacroix et tous ces humbles inconnus, nous menons une vie active et encore fort agréable.

D'où mon étonnement devant l'annonce de notre ministre de la Santé qui lance une consultation publique avec son livre blanc sur l'assurance autonomie. «On devra s'occuper de beaucoup plus de personnes en perte d'autonomie dans le futur. Il faut repenser la façon de prodiguer les soins,» a soutenu la première ministre, en appui à son ministre de la santé. «Le Québec doit prendre le virage du maintien à domicile, se défiler serait irresponsable» a-t-elle renchéri.

Que je sache, ce virage est déjà en route, Mme la première ministre, et imposer «un fonds spécial, une caisse capitalisée» pour le financement des soins à domicile à la génération des boomers ne ferait qu'ajouter à la lourde fiscalité imposée à ces contribuables qui pourraient fort bien prendre le large pour aller voir ailleurs. Le coût nul n'existe pas, le prétendre est une tentative pour nous faire avaler une couleuvre!

Le Québec serait un « cancre» pour les soins à domicile selon le ministre Hébert, qui compare notre société à la France et au Danemark où les choix de distribution de la richesse sont tout autres. 

«On ne pourra résister encore longtemps à la transition démographique dont les effets sont déjà tangibles...» affirme le ministre (sous-entendre le «poids des vieux»). Mais de quels vieux parle-t-on ici?

Le cumul des années ne signifie pas pour tous le vieillissement pathétique, débilitant, déprimant, car «être vieux» au XXIe siècle ne se compare en rien à la situation des vieillards des décennies précédentes.

On n'a qu'à s'attarder aux rares photos de nos propres ancêtres pour constater que peu de parallèles se dégagent entre eux et les grands-parents des années 2000. 

La société a évolué, le mode de vie change rapidement, et malgré tout le stress inhérent à la vie moderne, la qualité de vie prend du mieux dans la plupart des sociétés: éducation, alimentation, loisirs, environnement, soins de santé sont des facteurs qui ont fait augmenter la longévité et surtout le maintien d'une bonne santé dans la population en général.

Que diable vient faire une étude qui met l'accent sur le fardeau «appréhendé» de la population des aînés? De plus en plus, ces vénérables citoyens atteignent le «grand âge» autonomes, engagés, bénévoles; ils sont encore bien utiles dans leur communauté.

Ce projet d'étude me semble un ballon politique. Il appartient à nos élus de redistribuer judicieusement les revenus de l'État, selon la valeur de justice sociale. 

Comme l'argent ne pousse pas dans les arbres, en privilégiant les étudiants et les familles, notre gouvernement déshabille Paul pour habiller Pierre.