Il y a quelques jours, vous avez annoncé un programme pour mettre en valeur les produits locaux. J'applaudis votre volonté, mais à quand un programme semblable pour les produits alcoolisés?

Je suis fier d'être vigneron, je suis encore plus fier de faire du vin québécois qui se classe parmi les meilleurs, autant au Canada que dans les compétitions internationales.

Que mes produits se retrouvent sur les meilleures tables du Québec avec d'autres vins québécois me réjouit. Par contre, je ne comprends pas qu'une société comme la Société des alcools du Québec qui, en principe, appartient aux Québécois, mette de plus en plus les produits du Québec au rancart!

J'ai visité plusieurs succursales de la SAQ récemment et le constat est fort simple: les produits du Québec sont de plus en plus limités sur les tablettes de notre cher détaillant!

Les conseillers en vin, qui sont maintenant presque devenus des conseillers psychologiques avec nous, vignerons, car ils aiment et apprécient les dégustations et nos produits, mais ils ont les mains liées face à la décision imposée par le siège social. C'est ce dernier qui détermine quels seront les produits et à quel endroit ils seront placés, et qui offre ainsi de moins en moins d'espace pour nos produits québécois.

Plusieurs conseillers en vin m'ont répété que les responsables du siège social avaient oublié de mettre dans leurs espaces les produits du Québec. Comment justifiez-vous cette décision alors que l'année dernière, il y a eu un bond de 34% au niveau des ventes des vins québécois?

Mme Marois, vous qui prêchez pour l'utilisation des produits locaux et la reconnaissance de nos producteurs, je ne demande pas la charité, et encore moins du favoritisme. Mais s'il vous plait aidez-nous à ce que nos vins soient visibles afin que l'on puisse acheter nos produits.

Nos vins ne sont plus de la piquette, ils ont gagné des médailles nationales et internationales. Ils sont de plus en plus reconnus. Pourquoi avons-nous à nous battre contre une société d'État qui nous appartient?

Je suis peut-être naïf et un peu fou de vouloir faire du vin au Québec. C'est ce que plusieurs disent de nous, vignerons. Je croyais que le gel et le mauvais temps étaient nos principales embûches au Québec. Malheureusement, je me rends compte que ce n'est pas le cas: il faut se battre maintenant contre des gestionnaires qui oublient qu'on existe.

Ce marché de monopole devrait nous être un allié, mais on a décidé de nous bouder. C'est une décision dure pour ce terroir québécois qui veut prendre de l'expansion, mais que l'on fait reculer par des décisions qui ne sont pas très faciles à comprendre hélas.

Mme Marois, la prochaine fois que vous franchirez les portes d'une succursale SAQ, essayez de trouver les produits du Québec et vous serez peut-être vous aussi surprise de voir que l'on existe de moins en moins sur les belles tablettes de notre chère SAQ.