Le pessimisme qui règne à Montréal depuis des mois est trompeur. Nous avons l'impression que tout va mal dans la métropole et pourtant, je crois que notre ville a devant elle un brillant avenir.

Nous avons des raisons d'être préoccupés: l'économie montre des signes d'essoufflement, les questions d'éthique et de gouvernance demeurent sérieuses et les ratés de nos infrastructures ont des impacts sur notre quotidien. S'il faut s'attaquer très fermement à ces problèmes, il faut éviter d'y voir un symbole du déclin de la ville.

Que dit-on de Montréal ailleurs? Le New York Times juge que nous sommes l'une des 10 villes les plus branchées du monde. L'Union des associations internationales nous a consacré première destination en Amérique pour l'accueil d'événements internationaux. Le Conseil de l'Europe nous classe au 5e rang des villes qui gèrent le mieux leur diversité culturelle sur toute la planète. Et selon le QS World University Rankings, nous sommes la deuxième ville universitaire en Amérique du Nord, après Boston, et la 10e dans le monde.

Nos succès reposent sur le fait que Montréal est remarquablement bien adaptée à son époque. Elle a les atouts nécessaires pour relever les défis à venir dans plusieurs secteurs. Par exemple, Montréal est prête pour la révolution numérique parce que nous avons transformé nos anciennes manufactures en centres de production de logiciels et de services technologiques. Entre 2008 et 2011 - en pleine crise économique - Montréal a profité de la deuxième plus forte croissance de l'emploi dans le secteur des technologies de l'information en Amérique du Nord. Et aujourd'hui, ce secteur représente 120 000 emplois.

Troisième pôle de recherche biomédicale en importance en Amérique du Nord, Montréal a encore démontré sa force lors du dernier round de financement de Génome Canada. Parmi les 17 projets financés pour la recherche en génomique et en santé personnalisée au pays, six ont été accordés à des chercheurs d'universités montréalaises.

Du côté de la grappe des transports, là aussi, Montréal est en excellente position. En partie parce que nous sommes l'un des trois grands centres de développement en aérospatiale dans le monde, avec Seattle et Toulouse. Cette position, nous la devons à de grands joueurs innovants tels que Bombardier et CAE, mais aussi à la présence du siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Le trafic aérien est en expansion dans le monde et cet organisme aura un rôle majeur à jouer à l'avenir.

Enfin, on ne le rappellera jamais assez, Montréal est la capitale universitaire du Canada. Elle accueille le plus grand nombre d'étudiants et de chercheurs au pays. Elle récolte le plus de fonds de recherche et le nombre de ses publications scientifiques se compare à celui de Boston.

Montréal a tout pour être une des villes qui comptent dans le monde. Mais pour y parvenir, il lui faut aussi un maire qui saura prendre des décisions audacieuses. Cette personne devra comprendre la dynamique des villes qui se construisent sur le savoir et devra «parler culture», puisque la création demeure un puissant vecteur de rayonnement international.

Je souhaite un maire qui sera à la fois un facteur de cohésion sur l'île, un défenseur des intérêts des Montréalais auprès des autres ordres de gouvernement et un ambassadeur de Montréal à l'étranger. Il devra simplifier les structures et mobiliser l'ensemble des acteurs - CMM, ville centre et arrondissements - vers la réalisation de projets communs.

Il faut qu'une fois pour toutes, le Québec reconnaisse la place centrale que joue Montréal dans l'économie du Québec. Et que Montréal assume ce rôle sans complexe.

À la veille de son 375e anniversaire, Montréal a tous les atouts en main pour jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. Je nous souhaite à tous, un maire qui sache user de ces atouts et raviver notre fierté d'être Montréalais.