Dans sa chronique, Lysiane Gagnon critique certaines propositions récentes de la Coalition avenir Québec, sous prétexte qu'elles «manquent de cohérence».

Premièrement, Mme Gagnon affirme que la Coalition ne parle plus du Projet Saint-Laurent depuis son lancement en mars. C'est inexact. J'ai personnellement prononcé au moins cinq discours, dans cinq régions différentes, à ce sujet depuis mars.

D'autres présentations importantes approchent, dont une devant la Chambre de commerce de Montréal. De plus, quatre de nos députés sillonnent le Québec depuis des semaines pour présenter le Projet Saint-Laurent à des assemblées de militants, de sympathisants et de curieux.

Par ailleurs, Mme Gagnon fait une description très partielle du Projet Saint-Laurent, omettant de mentionner les volets majeurs touchant les zones d'innovation, le développement du potentiel touristique du fleuve et l'exploitation des hydrocarbures du golfe du Saint-Laurent. Tous ces éléments ont été présentés lors du lancement de mars dernier et dans les documents publiés subséquemment.

Deuxièmement, Mme Gagnon nous reproche d'avoir ajouté des conditions (qu'elle considère par ailleurs «fort légitimes») à notre appui au projet de loi 14, après avoir entendu le Barreau du Québec, la Commission des droits de la personne et d'autres témoins en commission parlementaire. La chose m'apparait fort peu choquante. Notre conduite démontre au contraire la capacité de notre parti à s'ajuster aux témoignages et aux questions soulevées lors du processus législatif ordinaire.

À quoi serviraient les commissions parlementaires si, comme semble le souhaiter Mme Gagnon, les partis politiques devaient définitivement fixer leur position sur un enjeu donné avant d'avoir entendu un seul témoignage ou consulté un seul mémoire?

Finalement, Mme Gagnon me reproche de proposer une réduction du nombre d'élus et d'arrondissements à Montréal alors que je ne jugeais pas ces mesures prioritaires il y a deux ans. (Mme Gagnon considère par ailleurs que ces propositions «n'ont rien de farfelu, au contraire».) Notre plateforme électorale prévoyait explicitement une révision du partage des pouvoirs entre les arrondissements et la ville-centre, de même qu'une réduction substantielle du nombre d'élus.

Par ailleurs, il devrait être évident pour tous que l'ampleur des failles et le détail des irrégularités qui minent le système d'octroi de contrats et la politique montréalaise n'étaient pas connus en 2011 comme c'est le cas aujourd'hui.

Nous avons lancé l'idée d'une réforme de la gouvernance de Montréal au moment où la commission Charbonneau achevait ses audiences sur la métropole et qu'il restait six mois avant les prochaines élections municipales. Les délais étaient peut-être serrés, mais cette réforme souhaitable n'aurait pas été impossible à implanter si le gouvernement avait voulu agir.

Je rappelle à Mme Gagnon que j'ai fondé la Coalition avenir Québec pour proposer les idées et les réformes nécessaires pour faire avancer le Québec et le sortir de l'immobilisme engendré par le blocage politique des dernières décennies. Certaines de nos propositions touchent nos grands réseaux publics, certaines touchent à l'intégrité et au processus politique, d'autres concernent les municipalités, notre performance économique, le financement de la recherche et de nos universités.

Je vois mal comment on peut de bonne foi reprocher à la Coalition son incohérence quand elle fait exactement ce qu'elle s'est engagée à faire: proposer toutes les solutions nouvelles, courageuses et non partisanes possibles, plutôt que de raviver les vieilles chicanes du PQ, ou se contenter du tranquille déclin libéral.