Coup sur coup, deux nouvelles sur le CHUM ont laissé plusieurs pantois. Une première relate l'embauche d'un consultant français sans appel d'offres pour revoir la budgétisation et la performance. Une seconde rend public le salaire de 350 000$ du directeur général du CHUM, Christian Paire.

Le salaire de M. Paire semble important, mais comparé à qui? À un salaire de recteur? Le recteur de l'Université Concordia reçoit un salaire de 357 000$ et 50 000$ lui sont accordés chaque année pour sa résidence. À un salaire de médecin spécialiste? Le salaire moyen des radiologistes était de 527 000$ l'année dernière. À un salaire de directeur général d'un centre hospitalier américain? Le directeur général du Cleveland Medical Clinic, un des plus prestigieux hôpitaux américains, gagne 2,2 millions$.

Souvenons-nous qu'à l'automne 2009, après plusieurs mois d'attente, le gouvernement du Québec en a surpris plusieurs en nommant un Français au poste de directeur général du CHUM.

Le CHUM n'allait nulle part avec les tergiversations autour du site. Le CHUM allait au centre-ville coûte que coûte sur le site d'un hôpital existant, l'hôpital St-Luc, malgré la difficulté de construire au même endroit. Le gouvernement de l'époque avait aussi choisi la formule PPP, malgré plusieurs avis contraires.

M. Paire, bon joueur, a accepté le poste, proposé un plan et dirigé le CHUM avec conviction.

Il en avait vu d'autres, avec ses 35 ans d'expérience dans le milieu de la santé. Il a été directeur général du CHU de Rouen et il a participé activement à la création et à la mise en oeuvre de l'hôpital Georges-Pompidou, regroupant sur un même site les services de trois grands établissements hospitaliers.

Le CHUM demeure un des grands hôpitaux du Québec, voire du Canada. Le CHUM regroupe l'hôpital Notre Dame, l'hôpital Saint-Luc et l'Hôtel-Dieu. Près de 10 000 personnes y travaillent dont 900 médecins qui accueillent plus d'un million de patients par année. De plus, on y retrouve 270 chercheurs, 6000 étudiants et stagiaires et 700 bénévoles.

Le partenariat entre les trois hôpitaux du CHUM ne s'est pas fait sans heurts, mais après 15 ans de roulement, le CHUM a pris une vitesse de croisière qui lui permet d'offrir des services de santé de qualité à la population et de réaliser des projets d'envergure. La construction du Centre de recherche du CHUM va bon train et la majeure partie de la construction de l'hôpital doit être complétée pour 2015-2016.

Les prochaines années seront cruciales pour la mise en place du nouveau CHUM et les choix de réorganisations des services très délicats.

Tous ces bouleversements ne veulent pas dire que nous devons fermer les yeux sur les choix et les agissements. Le rôle du conseil d'administration sera d'ailleurs important pour éviter les dérapages. Le CHUM peut compter sur d'excellents gestionnaires pour gérer les établissements de santé. Toutefois, la vigilance est de mise, les évaluations nécessaires et l'imputabilité essentielle.

Gérer un mégahôpital n'est pas l'apanage de tous. Comme le disait le général américain Colin Powell, il n'y a pas seulement les états de service, les expériences de travail, les références qui comptent. Il importe de recruter ceux qui ont le potentiel d'atteindre des niveaux de gestion élevée et de développer une vision claire de ce qu'on veut accomplir.

Le CHUM peut rapidement devenir un des principaux vaisseaux amiraux du réseau de la santé au Québec par son expertise, son excellence et son leadership en santé, mais cette tempête appréhendée sera vigoureuse. D'où l'importance d'avoir un bon leader pour diriger le CHUM, comme M. Paire. Choisissons la continuité.