Fallait-il en rajouter pour édifier les Montréalais? Voilà qu'en raison de la tenue des Mosaïcultures internationales au Jardin botanique, les élus ont pris une décision remarquable de cupidité et de cruauté : restreindre considérablement - ce qui revient, dans certains cas, à interdire - l'accès au Jardin botanique pendant tout l'été à ceux et celles qui le fréquentent régulièrement, sinon quotidiennement.

Les Mosaïcultures internationales se dérouleront du 22 juin au 29 septembre. Pendant l'exposition, les détenteurs de la carte Accès-Montréal, qui jusqu'à présent avaient accès au jardin en tout temps pour 8 $ par année, devront payer 18,75 $ pour une entrée, ce qui leur vaudra un bon pour deux visites, gracieuseté de la Ville !

Les élus qui ont voté cette ineptie ont-ils jamais visité le Jardin par un dimanche ensoleillé, alors qu'y déambulent paisiblement, à l'abri des vélos et des chiens, des familles, des jeunes, des personnes âgées? Se sont-ils attardés au bord de l'étang durant l'été quand des peintres amateurs s'installent avec chevalet et pinceaux? Ont-ils parcouru les sentiers du sous-bois à la suite des observateurs d'oiseaux rivés à leurs jumelles? Ont-ils remarqué les nombreux visiteurs installés sur les bancs pour admirer la nature, méditer ou lire? Ont-ils vu passer les jeunes et les moins jeunes qui ont choisi de pratiquer leur jogging dans un décor unique?

Les élus qui ont voté cette ineptie ont-ils pensé sérieusement que tous ces visiteurs qui fréquentent assidûment le Jardin botanique allaient accepter de payer 618,75 $ pour y aller quotidiennement pendant l'exposition, ou 262,50 $ pour y aller trois fois par semaine, au lieu de 8 $ par année?

À mon avis, non. Ces élus savent très bien que le Jardin a ses habitués, et que ses visiteurs les plus assidus viennent des quartiers avoisinants, Rosemont, Hochelaga-Maisonneuve, Mercier. Et que dans ces quartiers se trouvent des citoyens qui n'ont que le Jardin pour toute verdure et qui n'ont pas les moyens de quitter Montréal l'été. Mais que leur importe ? Pendant que les habitués sècheront, des visiteurs étrangers ou occasionnels seront prêts, eux, à payer le gros prix.

Voilà qui s'appelle se préoccuper du bien-être de ses concitoyens.