Les politiciens, tant au fédéral qu'au Québec, ont signé l'automne dernier l'arrêt de mort des mines de chrysotile au Québec, compromettant les recherches de solutions financières pour relancer l'industrie.

Voilà maintenant 18 mois que la mine Lab Chrysotile a cessé ses activités. Cette semaine, les prestations d'assurance-emploi ont pris fin et une centaine de travailleurs âgés de plus de 55 ans se retrouvent sans le sou, sans travail et sans perspective.

Depuis des années, les tenants du bannissement du chrysotile écartent d'un coup de baguette magique la réalité des mineurs. «On aidera les travailleurs, on favorisera la diversification économique», disait-on. C'est beau, ça sonne bien devant les kodaks.

Mais la réalité, c'est qu'on se retrouve aujourd'hui devant rien! Après deux comités de reclassement, le constat est limpide: on a beau mettre nos CV à jour pour chercher de l'ouvrage, on ne veut pas de travailleurs de plus de 55 ans sans métier spécialisé. Pour travailler comme journalier, les patrons préfèrent embaucher quelqu'un de 26 ans plutôt que de 56 ans!

En plus d'être âgés, nous venons du chrysotile! Le mot est maudit, synonyme de mort lente tellement les détracteurs du chrysotile ont répandu une propagande sans nuances. Les employeurs craignent que nous soyons plus affectés par des maladies respiratoires, alors que nos environnements de travail étaient pourtant sécuritaires grâce aux luttes syndicales des confrères qui nous ont précédés.

Des 300 anciens travailleurs de Lab Chrysotile, une centaine sont encore sans emploi. Nous ne demandons pas la mer à boire. Nous voulons avoir accès à un revenu équivalant au chômage pour survivre jusqu'à notre retraite, qui sera bien maigre.

Nous demandons que les deux gouvernements coordonnent leurs efforts pour accorder un tel soutien aux travailleurs du chrysotile toujours sans emploi à l'aube de la retraite.

Nous n'avons pas encore vu la couleur des 50 millions promis en grande pompe l'automne dernier pour soutenir l'économie régionale. Il suffirait d'environ 8 ou 9 millions du fédéral pour compléter ce que donne déjà le gouvernement du Québec en prestations et mettre en place un tel programme de transition.

Je ne pensais jamais que les gouvernements me feraient perdre un jour mon emploi. À 58 ans, ce jour est arrivé et l'agonie s'éternise. Il y a environ un an jour pour jour, un de nos confrères s'est suicidé, épuisé de se faire écarter par des employeurs. Nous vivons des drames familiaux importants. On essaie de continuer de se tenir les coudes, de s'épauler.

Les gouvernements qui ont longtemps soutenu notre industrie et qui la larguent aujourd'hui doivent assumer leurs responsabilités. Nous avons travaillé dur et fièrement toute notre vie, aidez-nous à retrouver une certaine dignité.