J'ai vu, il y a quelques mois, le reportage de l'équipe d'Une heure sur terre qui comparait le système médical français et celui du Québec.  Il donne envie de demander «l'asile médical» en France!

La structure des soins semble logique, simple et graduelle (médecin de famille, SOS Médecins, Premiers secours, SAMU, urgence). On ne va pas à l'urgence d'un hôpital pour une infection bénigne dans le dos ou un mal de ventre. On dispose de médecins de famille disponibles rapidement.

À Montréal, un collègue de travail a attendu environ cinq heures pour qu'un médecin de l'hôpital le voie pour une infection au dos (et cinq heures, me direz-vous, ce n'est rien pour ce bobo, il aurait pu attendre 24h!). Il ne savait pas où aller, alors, comme nombre d'entre nous, on finit à l'urgence.

Tous les Québécois peuvent rapporter ce genre «d'expérience». Avec un certain désabusement, les Québécois répondent, soumis: «Notre système est ainsi fait.» On engorge les urgences pour des affections mineures. C'est simplement incompréhensible. Ou tout à fait compréhensible, étant doné que le Québécois n'a pas accès à un médecin de famille relativement rapidement. J'ai déjà attendu plusieurs bonnes heures (environ six) avec mon conjoint dans une clinique médicale dite sans rendez-vous pour une blessure à la main. On a essayé la clinique plutôt que l'hôpital: même combat, même nombre d'heures.

Il y a quelques semaines, j'étais en France pour le travail et j'ai eu une gastroentérite digne de ce nom. J'ai demandé à la réception de l'hôtel si on pouvait appeler un médecin de SOS Médecins. Je connaissais la structure du système médical en France, car j'y ai déjà vécu. Environ quatre heures plus tard, un médecin s'est présenté dans ma chambre d'hôtel: une simple consultation de 15 minutes confirmant la gastro et les médicaments à prendre, consultation qui m'a coûté 40 euros (52 $ remboursés par la RAMQ).

À Montréal, si j'avais voulu voir un médecin pour ce virus, j'aurais dû me déplacer (sans en avoir la force) pour me rendre à l'urgence. C'est simplement absurde. À noter cependant que dans mon cas j'ai, à Montréal, un médecin de famille précieux.

Pourquoi ne peut-on pas réfléchir sur le système dans son ensemble? Pourquoi ne pas le remettre en question de fond en comble, faire un grand ménage. Et pourquoi ne pourrait-on pas s'inspirer du modèle français? Comment se fait-il que l'on dise toujours les mêmes choses? Qui est gagnant dans ce système infernal?

Et je ne parle que de la médecine générale. Pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste, c'est une autre galère. Ces médecins sont en général rattachés à un hôpital et font très peu de bureau. Pour voir son gastro - en dehors d'une hospitalisation -, il faut compter entre six et huit mois, avec un peu de chance... 

J'invite tous ceux qui n'ont pas vu le reportage d'Une heure sur terre à le visionner. Aussi, sans trop m'aventurer je me demande que vient faire la rémunération d'un médecin dans ce débat (comparaison entre les deux systèmes). D'après le reportage, un médecin français gagne moins qu'un médecin québécois, et le système fonctionne. Au Québec, le système est malade. Il n'y a aucun traitement de fond possible si on fait juste mettre un petit pansement chaque fois qu'il craque de quelque part.

Un médecin de l'urgence d'un hôpital parisien dit dans ce reportage: «Si un patient attend une heure à l'urgence, c'est déjà trop.» Et, visiblement en France, ne vont à l'urgence hospitalière que ceux qui ont absolument besoin d'un hôpital, pas d'un médecin. La différence est de taille.