En 2006, un groupe de chercheurs du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement (un réseau financé par le Fonds de recherche du Québec-Santé) en concertation avec des groupes dédiés à la promotion des droits des aînés (Conseil des aînés du Québec, Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés de l'Université Laval, la Société Alzheimer de Québec, et la Table de concertation des personnes aînées de la Capitale-Nationale) déposaient ensemble un rapport afin d'envoyer un message clair et uni au gouvernement du Québec qu'il y avait urgence d'agir au niveau législatif afin de permettre aux chercheurs de réaliser des études scientifiques auprès des aînés atteints de la maladie d'Alzheimer et de maladies associées.

Cette situation problématique a été soulignée une fois de plus en 2009 lors du dépôt du rapport Bergman portant sur la maladie d'Alzheimer et les maladies apparentées et qui était l'objet d'une recommandation (Rapport du comité d'experts en vue de l'élaboration d'un plan d'action pour la maladie d'Alzheimer).

En effet, l'article 21 du Code civil constitue dans sa forme actuelle un obstacle majeur à l'avancement des connaissances en vue d'offrir des solutions innovantes susceptibles d'améliorer la qualité de vie de celles et ceux atteints de cette maladie. Il est un frein à la réalisation de projets de recherche pourtant jugés importants.

Par exemple, ne serait-il pas pertinent que des chercheurs québécois puissent réaliser une étude scientifique indépendante sur la qualité des soins dans les centres d'hébergement au Québec? Poser la question, c'est y répondre. Pourtant, l'article 21 ne permet pas d'entreprendre une telle étude au Québec. Alors, comment réaliser des avancés dans ce domaine si on ne peut pas étudier la question?

Par cette lettre d'opinion, nous tenons à féliciter et remercier le gouvernement actuel qui vient de déposer un projet de loi en commission parlementaire qui a le potentiel de résoudre ce problème. Les aînés et les chercheurs québécois espèrent donc une adoption rapide et intégrale du projet de loi.

Le nombre d'aînés atteint de la maladie d'Alzheimer et des maladies neurodégénératives associées ne cesse de s'accroître avec le vieillissement de la population Si les personnes de 65 ans et plus représentaient seulement 6% de la population en 1956, elles en constituent 16% en 2013, et représenteront 25% de la population en 2035 et 28% en 2056. Qui plus est, la proportion de personnes atteintes d'une maladie d'Alzheimer ou d'une maladie associée augmente avec l'âge: la prévalence est de 7% chez les personnes de 65 ans et plus, alors qu'elle atteint 49% des personnes aînées de 90 ans et plus.

Comment faire face à ce défi sociétal sans l'appui de la recherche scientifique? Le nouveau projet de loi permet aux chercheurs de contribuer de façon déterminante au développement de nouvelles approches de soins de haute qualité pour les aînés atteints de problèmes cognitifs.