Lors du Sommet de la Terre de 1992 à Rio, le Canada et la communauté internationale ont semé les graines de trois accords visionnaires et intrinsèquement liés pour faire avancer l'objectif du développement durable: les conventions sur les changements climatiques, la désertification, et la diversité biologique. On avait alors bien compris que ces trois menaces au bien-être humain étaient devenues trop grandes pour que les pays arrivent seuls à les régler.

Apparemment, notre gouvernement ne le croit plus, ou ne s'en soucie plus. La semaine dernière, Stephen Harper a annoncé que le Canada ne souhait plus faire partie de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (bien que le problème de la sécheresse dans les Prairies nous rende «un pays affecté»).

M. Harper a déjà retiré le Canada du protocole de Kyoto. Cela nous donne la regrettable distinction d'être le seul pays qui s'est retiré de la Convention sur la désertification et le premier pays à quitter les deux traités. La Convention sur la diversité biologique serait probablement la prochaine sur la liste si son Secrétariat n'était pas logé à Montréal.

La Convention sur la désertification fait le lien entre les émissions de gaz à effet de serre et les conséquences catastrophiques des changements climatiques, comme l'expansion des déserts. Mais plutôt que de collaborer avec les autres pays en vue de nous attaquer à la plus grande crise à laquelle l'humanité soit confrontée, nous avons, une fois de plus, décroché.

M. Harper prétend que l'objectif est simplement d'économiser de l'argent. Pourtant, le montant de 350 000$ versé en cotisations annuelles pour la convention est une bagatelle par rapport aux 2 millions dépensés pour construire un faux lac pour le sommet du G8.

La simple raison - même si M. Harper refuse de l'avouer publiquement - est que les objectifs du développement durable, qui sont fermement ancrés dans la convention vont à l'encontre de la politique de son gouvernement axée essentiellement sur la transformation du Canada en une puissance énergétique, coûte que coûte et quels qu'en soient les dégâts.

Sacrifier les deux conventions de Rio pour protéger «le dollar tout-puissant» des sables bitumineux, c'est mener une politique non seulement irresponsable, mais aussi vouée à l'échec. Les Canadiens ne sont pas à l'abri des effets du changement climatique. Et se hisser au sommet des palmarès des exportations d'énergie ne nous permettra certainement pas d'acheter le respect, la sécurité et les alliés.

M. Harper devrait se rappeler que c'était la participation active du Canada dans les institutions multilatérales qui nous a donné une voix sur la scène mondiale. Cela ne veut pas dire que nous avions trahi nos propres intérêts, loin de là, car les instruments multilatéraux qui avaient lié notre destin avec celui du reste de l'humanité ont instauré un monde plus sûr pour les Canadiens. C'est un héritage dont on peut être fiers.

Malheureusement, M. Harper semble être sur la voie de défaire, en peu d'années, une grande partie de ce que des générations de Canadiens ont aidé à construire. Il existe un risque réel que nos anciens partenaires ne tiennent pas compte de nos intérêts lorsqu'un nouvel accord sur le changement climatique sera négocié ou, encore pire, que d'autres pays s'inspirent de l'exemple de M. Harper et tournent le dos aux accords multilatéraux lorsque cela leur convient.

À moins que nous saisissons l'occasion de ce dernier incident pour dire clairement à M. Harper que le Canada - et l'avenir - que nous voulons n'est pas celui qu'il veut nous réserver, on ne verra pas la fin du démantèlement des valeurs canadiennes et de notre héritage international.