Tout à fait logique et gage d'un gain de cohérence et d'efficacité que ce retour annoncé jeudi par le gouvernement fédéral du module d'aide et de développement international (ACDI) au sein du ministère des Affaires étrangères, où il a pris naissance et dont il n'aurait jamais dû être séparé.

Le Bureau d'aide internationale a pris naissance en 1960, au sein du ministère des Affaires extérieures, comme il s'appelait à l'époque. Le Canada faisait ses premiers pas dans le domaine de l'aide et du développement international dans sa dimension géopolitique, accompagnés d'un désir de refléter les caractères bilingue et multiculturel du pays. À mesure que de nouvelles destinations s'ajoutaient et que le budget de ce Bureau augmentait, croissaient également les pressions de certains élus pour la création d'une agence séparée qui exigerait un nouveau poste politique de rang de ministre, à sa tête. Ce qui fut fait prestement, en 1968.

Un Comité permanent du Sénat ayant examiné, entre autres, l'efficacité de l'aide à l'Afrique, a émis en 2007 un rapport intitulé «Pour surmonter 40 ans d'échec». Et, dans une de ses recommandations, il suggère d'examiner la pertinence d'abolir l'ACDI ou tout au moins de donner un mandat fort à un Bureau de l'Afrique au ministère des Affaires étrangères et d'y transférer le personnel de l'ACDI.

Voici en quels termes le Comité exprime cette idée: l'étude de la situation «amène le Comité à conclure qu'un examen immédiat de l'avenir de l'ACDI s'imposait. S'il faut l'abolir, il y aurait lieu de transférer les effectifs et les ressources nécessaires à la responsabilité du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.» Rien de cela n'avait été fait depuis.

Pourtant, ils ont toujours été très nombreux ceux qui soutenaient qu'il n'était pas possible de concevoir et de mener une politique d'aide en pays étrangers sans que cette politique soit en harmonie totale, dans sa conception comme dans son application, avec notre politique étrangère.

On le conçoit très bien quand il s'agit de commerce. Nos relations commerciales avec plusieurs pays, notamment la Chine et Cuba, ont été tributaires de nos relations politiques. Or, pendant des années, et à des coûts importants, on a multiplié les réunions, les consultations, les tensions, les rivalités, les incompréhensions entre le ministère des Affaires étrangères et l'ACDI, au détriment de la performance attendue d'une agence responsable d'un budget annuel de 3 à 4 milliards de dollars.

Et on en est arrivé à créer un colosse administratif qui engloutit plus de 50% de son budget en administration et en contrôle, pour ne consacrer que le reste en aide véritable à ceux qui en ont besoin.

Bien sûr, il faudrait en savoir beaucoup plus sur les constats et les motifs qui amènent le gouvernement Harper à procéder maintenant à cette réintégration de l'ADCI au sein du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Mais cette décision n'est certainement pas étrangère au besoin élémentaire de mener une politique étrangère cohérente et compréhensible pour les citoyens canadiens et pour la communauté internationale.