Par un curieux effet du hasard, le felquiste bien connu Paul Rose est décédé à quelques semaines du 50e anniversaire du début des opérations menées par le Front de libération du Québec, en avril 1963. Bien sûr, Paul Rose n'était pas là au début; il s'est fait connaître surtout durant la crise d'Octobre 1970.

Or, pour bien des gens, les jeunes générations surtout, la crise d'Octobre était un événement en lui-même, alors qu'en réalité, cette crise a été le point culminant de sept longues années marquées par des actes de terrorisme, avec quelque 300 attentats à la bombe, qui ont causé sept pertes de vie et des millions de dollars en dommages matériels à Montréal seulement.

Ces attentats, parfois mortels, se sont produits sous forme de vagues plus ou moins longues, toutes suivies de périodes de calme relatif. La vague la plus longue et la plus dévastatrice s'est produite en 1968-1969, alors que Paul Rose avait commencé à faire parler de lui lors du défilé tumultueux de la Saint-Jean-Baptiste (en juin 1968), qui a pavé la voie aux grosses bombes à la dynamite qui allaient suivre jusqu'à l'été 1970, une sorte de prélude à la crise d'Octobre.

À cette époque, j'étais commandant de la section technique de la police de Montréal, l'équipe chargée de la manipulation des bombes. Notre moyenne au bâton - bâton de dynamite, bien sûr - était très bonne, puisque nous avons réussi, en courant des risques très élevés, à neutraliser 24 engins de mort avant le moment prévu pour leur mise à feu.

Il y a lieu de croire que c'est devant l'insuccès relatif de sa campagne d'attentats à la bombe qu'en 1970, le FLQ a réorienté son action terroriste vers les enlèvements politiques, à l'instar d'autres mouvements extrémistes ailleurs dans le monde. C'est là que Paul Rose et ses comparses ont pris la relève des poseurs de bombes, avec une approche plus sécuritaire pour leur propre personne.

À mon avis, Paul Rose a joué un rôle aussi odieux que tous les autres membres des cellules du FLQ qui ont semé la terreur pendant sept ans dans la région de Montréal. J'ai été un peu surpris et déçu de voir que des gens bien intentionnés, mais peut-être mal renseignés, le considèrent comme une sorte de résistant, voire même un héros populaire.

Pour ceux qui comme moi ont risqué gros pour mettre un frein aux activités du FLQ, Paul Rose doit être considéré pour ce qu'il a montré qu'il était: un terroriste et un assassin.