Retraite dans la dignité

Retraite dans la dignité



Cette année, mes deux parents prendront leur retraite. Pour mon père, c'est par choix. Après 35 ans et une brillante carrière militaire, il pourra finalement retirer son uniforme et bénéficier des avantages qu'on lui avait promis à son entrée dans les Forces. Sa pension, ses congés et tout le support qui viennent avec la fin de son contrat. Il aura le choix de se trouver une deuxième carrière ou simplement de prendre du temps pour ses passe-temps. Évidemment, lors de ses années au travail, il a fait énormément de sacrifices et aura donné bien plus que ce qu'on lui avait demandé dans sa description de tâches toujours changeante, mais on célébrera sa fin de carrière dans la dignité et en soulignant son implication dans son travail.

Pour ma mère, c'est une autre histoire. Vingt ans passés à soutenir une compagnie de traduction qui battait parfois de l'aile et qui a sûrement souvent été sauvée par son travail acharné et son dévouement. Maintenant que le patron de l'établissement arrive à la retraite et qu'il veut profiter des gains du travail sans relâche de ses employés, il vend la compagnie, corps et âme, à une nouvelle gestionnaire, qui liquide le personnel comme dans une vente de feu. Vous êtes employés depuis quelques mois ou une dizaine d'années? Peu importe, car vous passerez tous au couperet, l'un après l'autre, sans pension et sans même vous faire payer vos congés accumulés. De son bureau, l'ancien patron regarde les membres de son équipe déchue défiler à tour de rôle devant le nouveau chef pour se faire dire que leurs tâches, qui étaient jusqu'à présent indispensables à la prospérité de la compagnie, sont soudainement désuètes et inutiles. Pour lui cependant, aucun problème, sa retraite est assurée et il ferme les yeux devant l'abattoir de fortune qui s'est installé dans sa salle de conférence.

Je me questionne vraiment sur l'état de notre société et la valeur qu'on attribue au travail de toute une vie consacrée au même employeur. Vaut-il encore vraiment la peine de sacrifier nos vacances, nos week-ends et nos nuits pour un patron qui nous tiendra la tête sous l'eau alors que le bateau coule? Très peu pour moi, merci. C'est tout un son de cloche pour ma génération qui tente de se faire une place sur le marché du travail et à qui on demandera beaucoup plus, pour encore moins à la fin du périple.

Andréanne Clot

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Règle élémentaire

L'autre jour, je bouquinais dans une libraire de Laval. Non loin de la caisse, il y avait un présentoir proposant des livres pour les enfants de 4 à 5 ans. L'un de ces livres avait pour titre Colorie et apprend. Je me suis alors empressée d'indiquer à la caissière qu'il manquait un «s» au mot apprend. Celle-ci me répondit que tout le texte a été vérifié par une linguiste. J'ai persisté en vain à lui expliquer la règle: c'est l'impératif présent et le verbe «apprend» prend un «s». Hélas, elle ne voulait rien comprendre. J'ai téléphoné à la librairie le lendemain, afin de leur rapporter l'erreur. On m'a alors platement répondu que c'était déjà imprimé. J'étais vraiment stupéfaite! Quand je pense que des parents, qui ne maîtrisent pas trop leur grammaire française, vont acheter le livre pour leur enfant!

Françoise Legault, Laval

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Le chemin imposé

Mon ami part de Jonquière pour se rendre à Montréal afin de recevoir son traitement de chimiothérapie. Ça ne me rentre toujours pas dans la tête, cette façon de faire, qui paraît comme toute simple et allant de soi pour ceux qui le soignent et pour les décideurs.

Il est atteint du cancer du pancréas, vous savez, celui qui ne laisse pas tellement de chances. Durant ce qui a été notre tempête du siècle, il a dû prendre la route pour aller recevoir sa chimio. Avant de partir, il m'a dit qu'il souhaitait frapper un orignal afin d'en finir. C'est le genre de choses qu'on dit lorsqu'on est vraiment tanné. Mais il faut croire qu'il n'a pas rencontré d'orignal.

Je ne suis pas médecin, mais il me semble que, médicalement parlant, ça ne doit pas être bon pour le patient de faire tout ce trajet pour être soigné. Je ne mentionne que l'aspect médical, parce que, humainement, cette situation n'a aucun sens.

Ils devraient penser à envoyer le traitement par un service de messagerie. Mon ami paierait les frais et je crois même que ça lui coûterait moins cher de cette façon. Il est vrai qu'il resterait à trouver et à payer une infirmière ou un médecin pour le traitement, mais c'est sûrement possible.

Je ne suis pas inquiet de la façon dont mon ami est entouré. Mais moi, je suis seul avec son petit mot, concernant l'orignal, que je trouve dur à avaler. Nous sommes peu de choses, n'est-ce pas? Mettez-vous à sa place ou même, à la mienne, et essayez de comprendre cette situation.

Denis Mercier, Québec

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Les cendres meurtrières

Un samedi du mois dernier, en soirée, nous avions cru entendre le détecteur de fumée qui nous signalait un problème. C'était plutôt le détecteur de monoxyde de carbone. Comme il n'y a aucun appareil fonctionnant avec du gaz, notre étonnement est grand. Nous contactons quand même le service d'incendie, qui nous demande de sortir immédiatement. Les pompiers arrivent à notre résidence à peine quelques minutes plus tard. Après avoir fait les vérifications d'usage, ils ont déterminé que les émanations de monoxyde de carbone présentes dans la maison provenaient des cendres du foyer. La maison a été aérée, puis vérifiée à nouveau et, deux heures plus tard, nous avions réintégré la demeure, grâce à l'excellent service des pompiers. Sans détecteur de monoxyde de carbone, on risquerait de parler de nous de façon différente maintenant. Nous aurions été intoxiqués et en serions peut-être décédés. Personnellement, je n'aurais pas imaginé que des cendres pouvaient dégager ce gaz.

Je souhaite que l'histoire de notre mésaventure, qui s'est heureusement bien terminée, puisse servir à d'autres personnes.

Les cendres peuvent dégager du monoxyde de carbone! Il serait sécuritaire d'être muni d'un détecteur si vous utilisez un poêle à combustion lente ou un foyer, même si vous n'avez aucun appareil qui fonctionne au gaz. Et les cendres, jetez-les toujours dehors dans une chaudière de métal fermée.

C'est vrai que ça sauve des vies!

Jocelyne Lacoste, consultante, Granby

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Notre aéroport régional

L'an dernier, ma conjointe et moi avons eu la chance d'aller en Italie. Comme j'utilise à l'occasion les points d'une carte de fidélisation, notre transporteur a été Air Canada. Itinéraire: Montréal-Toronto-Rome, quelques milliers de points et 1000$ de taxes et de frais, avec, en prime, un trajet additionnel de deux heures d'avion. Peut-être n'y a-t-il pas assez de voyageurs vers l'Europe à partir de Montréal? Récemment, j'ai réservé un vol aller seulement pour Orlando, avec la même carte de fidélisation et le même transporteur, Air Canada. J'ai dû débourser 1500 points, plus 129$ de taxes et de frais. Mon itinéraire fut Montréal-Ottawa-Orlando. Si j'avais choisi Plattsburgh, j'aurais fait un vol direct pour 155$. Il ne faut pas plus de temps pour me rendre à Dorval ou à Plattsburgh. L'aéroport de Montréal est-il devenu un simple aéroport régional? Est-ce que nous nous sommes fait flouer lorsque Mirabel a été fermé? En ce qui me concerne, il y a longtemps que mon idée est faite sur ce sujet.

Richard Labelle, Montréal