J'espère que les associations étudiantes n'auront pas une attitude «jusqu'au-boutiste» au Sommet sur l'enseignement supérieur, en se plaçant en mode chantage afin d'être certaines de se faire dire non à leur plan A, lequel exige la gratuité scolaire ou le gel tous azimuts des droits de scolarité.

Pour éviter un tel écueil, elles doivent prévoir un plan B. Ce sommet est une tribune exceptionnelle, il ne faut pas le manquer, d'où l'importance d'élaborer rapidement une sortie de secours afin de ne pas perdre la face, mais surtout d'obtenir un gain historique par rapport à la situation actuelle.

Quand j'étais leader étudiant dans les années 80, je me plaçais toujours en mode solution, c'est ce qui m'a permis d'obtenir la Loi sur l'accréditation et la reconnaissance des associations étudiantes (loi 32), de Camille Laurin, alors ministre de l'Éducation. Cette loi était une première mondiale - elle est d'ailleurs toujours en vigueur 30 ans plus tard - et accorde encore aujourd'hui aux associations étudiantes une certaine stabilité et reconnaissance en leur permettant de percevoir des cotisations à la source et de nommer des représentants étudiants aux divers paliers de gestion des cégeps et des universités.

Afin de consolider leur représentation au sein des institutions d'enseignement supérieur, les associations étudiantes devraient négocier, avec le gouvernement, les recteurs et les syndicats d'enseignants, un amendement à cette loi leur accordant le droit de grève par référendum et par scrutin secret, accompagné bien sûr d'un quorum. Cette mesure rendrait inutile les injonctions qui ont pourri le climat sur de nombreux campus lors du printemps érable.

Pour ce qui est des droits de scolarité, j'adopterais une approche pragmatique qui permettrait un consensus auprès de la majorité des intervenants présents. Premièrement, tout étudiant ayant le dossier académique répondant aux critères de sélection du programme qu'il l'a admis devrait pouvoir étudier à l'université, peu importe les revenus de ses parents. L'étudiant pourrait choisir l'une des trois options suivantes: bourses seulement, prêts et bourses ou prêts seulement. Ce financement serait rattaché au domaine d'étude choisi ou à sa volonté de s'engager auprès de la société pendant quelques années.

Les droits de scolarité devraient être modulés ainsi: gratuité scolaire et bourses seulement pour ceux qui signent un contrat d'engagement communautaire; droits de scolarité gelés pour les facultés et programmes qui sont peu coûteux pour l'université; et finalement, l'indexation et la modulation des droits de scolarité en fonction du coût de certaines formations dispendieuses et proportionnelles aux revenus moyens obtenus sur le marché du travail.

Pour ce qui est de la recherche, les universités devraient être financées en fonction de la valeur de leur programme au niveau international, ce qui les incitera à regrouper les meilleurs chercheurs dans un domaine précis et à être plus performantes.

À la place des leaders étudiants, je négocierais de bonne foi dès maintenant un plan B avec le gouvernement, les recteurs et les syndicats d'enseignants, au cas où le plan A échouerait.