Depuis déjà un bon moment, un grand débat de société a cours en France autour de la question du mariage homosexuel ou plutôt pour ne pas dire les vraies choses, «le mariage pour tous», comme ils disent.

Tout a été dit dans les deux camps opposés. Inutile de débattre des questions philosophiques, religieuses, démographiques, sociologiques. Admettons plutôt certains faits.

Oui, le mariage est une institution. Oui, les grandes religions rejettent l'idée que le mariage puisse être ouvert aux couples de même sexe. Oui, un couple formé de deux hommes ou de deux femmes est un couple biologiquement stérile. Oui, historiquement, les enfants ont eu deux parents de sexe différent et historiquement, le mariage a été contracté par un homme et une femme.

Le 17 janvier, la Commission des lois constitutionnelles a adopté un projet de loi qui propose de modifier le Code civil français. Ce projet de loi sera débattu à l'Assemblée nationale à partir du 29 janvier. Son article premier énonce que «le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe». On reprend ici la définition du mariage adopté au Canada en 2005.

Pourquoi pareil tollé en France alors que chez nous, le mariage gai n'a pas fait de grandes vagues et que les rues n'ont pas été envahies par des opposants?

Selon les sondages, les Français seraient majoritairement en faveur du mariage homo alors qu'ils seraient beaucoup moins nombreux à être favorables à l'adoption des enfants par un couple de même sexe.

Au Canada, le mariage gai et le droit à l'adoption des couples de même sexe ont été réalisés en deux temps, en raison des partages de compétences. La juridiction compétente pour statuer sur l'ouverture du droit au mariage des couples de même sexe est fédérale, alors que le droit à l'adoption relève des provinces. Avant même l'adoption de la loi permettant le mariage des couples de même sexe, le Québec avait déjà légiféré sur leurs droits parentaux en modifiant son Code civil.

En France, le mariage et l'adoption relèvent du Code civil. Ouvrir le droit au mariage aux couples de même sexe entraîne automatiquement le droit à l'adoption, ce qui irrite les opposants au mariage.

L'expérience québécoise et canadienne devrait guider la France. Des milliers de couples de même sexe sont mariés, ont adopté des enfants ou ont eu des enfants par insémination et d'autres ont adopté ceux de leur conjointe ou conjoint.

Depuis de très nombreuses années, des enfants ont été éduqués par des couples de même sexe et le consensus scientifique confirme que les enfants de ces couples se développent de manière comparable à ceux des couples de sexe différent (American Academy of Pediatrics, 2002). La qualité de l'éducation et les relations harmonieuses dans le couple contribuent d'avantage au développent de l'enfant que le sexe des parents.

Enfin, si l'on devait s'en remettre à l'Histoire pour déterminer nos droits, l'esclavage serait toujours existant, les femmes seraient soumises à l'autorité de leur mari et n'auraient pas le droit de vote, et la procréation assistée et le droit à l'avortement n'auraient jamais vu le jour. Souhaitons que les Français acceptent que le futur soit différent du passé.

Rappelons à nos amis français que personne n'a jamais demandé la permission à un gouvernement pour faire des enfants, et cela continuera ainsi. Les enfants sont là et d'autres naitront. La question doit plutôt être: veut-on assurer un avenir honorable et sécuritaire aux enfants des couples de même sexe ou veut-on les laisser sans protection véritable? Comprendre cela devrait éviter que les Français se braquent de façon insensée.